Pour lancer la nouvelle saison, la Galerie Templon propose de redécouvrir le travail de George Segal (1924-2000) probablement le plus existentialistes des artistes Pop. Célèbre pour ses environnements peuplés d’inquiétantes figures de plâtre, George Segal est considéré comme un des plus grands sculpteurs américains et cette exposition rétrospective est une première en France depuis vingt ans.
Les ‘tableaux vivants’ de George Segal sont conçus comme une réflexion sur l’individu et la société de consommation. Jouant sur la perméabilité des espaces, l’artiste invite le spectateur à dialoguer avec ses figures anonymes et figées dans des scènes du quotidien. Segal y inverse les hiérarchies : les objets sont réels et permanents, comme la nature, tandis que la figure humaine est faite par la main de l’homme, dans un matériau des plus fragiles : le plâtre.
Dès les années 60, George Segal a développé une technique du moulage par bandes de plâtre appliquées à même le corps de son modèle. Cette pratique lui permet de révéler la force évocatrice du geste comme sa dimension poétique, sociale, érotique ou politique. Destiné à soigner, le bandage devient ainsi une métaphore de la fragilité de la vie, soulignant sous la coquille vide du corps, un besoin de transcendance.
L’exposition réunit un ensemble complet d’œuvres de l’artiste américain. Originellement de style réaliste (The Dancers, The Couple), le travail de George Segal a évolué depuis les années 70 vers une expression plus libre et expansive. Les travaux des années 80, en couleur, à la fois tableaux figuratifs et natures mortes, (Nude on Red chair, Girl on Wicker Lounge) s’engagent dans un dialogue avec l’histoire de l’art et ses maîtres comme Cézanne et Degas. En isolant des fragments anatomiques et en les surlignant, les riches bas reliefs et séries de tableaux érotiques (Hand fragments) renvoient notamment aux motifs de femmes à la toilette. Dans les années 90, l’artiste évolue vers un naturalisme expressionniste. Le double moulage/plâtrage offre plus de détails à la surface (42nd Street Deli, Bus passengers); la fusion entre sculpture et peinture donne à voir un nouvel éventail d’expressions par la couleur, la lumière, le sentiment. Les œuvres noires (Woman Standing in Doorway, Woman Lying on a Bed) fonctionnent comme des présences en négatif – comme l’intérieur d’un moule ou l’incarnation d’une ombre.
Né en 1924 à New York, George Segal a vécu et travaillé dans le New Jersey aux Etats-Unis, jusqu’à sa mort en 2000. Depuis 1962, date où l’artiste est repéré dans une exposition collective consacrée au Pop art naissant, la sculpture de George Segal a gagné une reconnaissance internationale pour sa capacité à transformer la réalité quotidienne en un théâtre d’apparitions mystérieuses et poétiques. Parmi ses nombreuses expositions personnelles, on peut citer les rétrospectives de 1978 (Walker Art Center, Minneapolis ; San Francisco Museum of Modern Art, CA ; Whitney Museum of American Art, New York, NY, USA), de 1997 au Musée des Beaux-Arts de Montréal (Canada), de 1998 au Hirshhorn Museum and Sculpture Garden, Washington, D.C; de 2002 au Utsunomiya Museum of Art, Utsunomia, Japan et au musée de l’Ermitage à St. Petersbourg en Russie. La Galerie Templon a présenté pour la première fois le travail de George Segal à Paris en 1979, dans l’exposition collective ‘La peinture américaine’. George Segal est représenté dans les plus grandes collections internationales dont celles du Moma (NYC), Moderna Museet (Stockholm), Mnamvp (Paris), Kunsthaus Zurich, Israel Museum.