Hélène Delprat est double, Actéon-Diane, celle qui peint pour nous assurer que la peinture se tient encore en retrait du bruit pour avoir appris à se perdre, à perdre.
On ne peut pas avoir dit « non » sans appartenir au monde du voyageur Thomas Hutter, le jeune commis de Nosferatu : « Après qu'il eut passé le pont, les fantômes vinrent à sa rencontre. » Mais passer le seuil peut vouloir dire une chose plus simple que toutes les sciences de vampire, car toutes ces histoires d'ombres, de cinéma, d'escaliers, de mains, d'amour et de crânes ne réclament qu'une salutaire formule : « laissez ici tout ce que vous savez, devenez profanes. Et partez en voyage ! » Inutile de chercher la source, elle est dans ce qu'on fait, raison pour laquelle Hélène Delprat ne parle pas de sa peinture, mais de toutes les histoires qui l'y conduisent et rendent instable l'origine.
Être pertinent, se dégager du péril de savoir, n'est-ce pas l'élégance de ne pas dire, de laisser vivre et regarder ? Et pour finir comme elle dans un grand éclat de rire où elle se cache encore et toujours, un coup de pied au cul à la Benjamin Péret de Derrière les fagots* : (...) et la boîte de sardines vide se croira sainte / Un coup de talon dans la gueule / et c'est une divinité / qui nage dans le miel pur / sans se soucier des protozoaires / des hippocampes / des cailloux célestes qui voltigent d'un œil à l'autre.
Extrait de « L'univers est la cendre d'un Dieu mort », texte rédigé par Corinne Rondeau pour le catalogue de l'exposition monographique d'Hélène Delprat à La maison rouge « I Did It My Way », du 23 juin au 17 septembre 2017.