La Galerie Suzanne Tarasieve a le plaisir de vous annoncer la troisième exposition personnelle de Neal Fox. Empruntant son titre à un film policier américain de 1938 (réalisé par Michael Curtiz), Angels with Dirty Faces exploite la force de l’encre de Chine et du papier pour ressusciter les figures anthologiques de la contre-culture (musicale, artistique et littéraire).
Au milieu de ces figures iconiques et modernes résonne la voix de son grand-père, pilote britannique pendant la Seconde Guerre Mondiale (impliqué dans les raids aériens en Allemagne) qui en vint par la suite à écrire des romans de gare, à présenter des talk-shows et à fréquenter les bars de Soho, avec des artistes comme Francis Bacon.1 Et bien que Neal Fox ne l’ait que très peu connu, l’héritage de sa créativité et de son entrain se retrouvent dans ses narrations réalisées au pinceau.
Le travail de Neal Fox se distingue des formes d’art conceptuelles. Il est tout entier consacré au dessin à l’encre et à la culture contemporaine. Avec cette nouvelle exposition, l’artiste fait appel à des figures d’icônes, d’Arthur Rimbaud à David Bowie, qui, à la manière d’anges ou d’archanges, prennent le rôle de gardiens spirituels ou de messagers.
En incorporant des forces poétiques puissantes et reconnaissables dans ses dessins, appartenant à des périodes différentes, l’intention de Neal Fox est de les inclure dans des conversations existentielles et de tracer des parallèles entre des mouvements artistiques et des auteurs. Par exemple, La Décadanse (2017) figure Rimbaud en archange regardant par-dessus l’épaule de Jane Birkin et de Serge Gainsbourg (ce dernier faisait souvent référence au jeune poète dans l’écriture de ses chansons). Dans The Siesta (2017), le même poète se laisse aller à une sieste à demi-consciente avec Vincent van Gogh. Ils contemplent ensemble la nature, allongés sur le dos, recomposant ainsi Des glaneuses (1857) de Jean-François Millet, avec des yeux solitaires et hallucinés.
Le théâtre de guerre joue également un rôle important dans le travail de Neal Fox. En utilisant ses décors et ses personnages, Fox rappelle au visiteur que les grands conflits créent un terrain fertile aux ruptures durables et aux innovations créatives. Dans Lost in Time (2017), Fox a saisi David Bowie en train d’observer Marlene Dietrich depuis la fenêtre d’un tramway, dans une République de Weimar imaginaire.2 Last of the Troubadours (2017) figure Bob Dylan en ennemi de la foi chrétienne, sur fond de croisade des Albigeois au XIIIème siècle.
De tous les ingrédients jetés dans le mixeur culturel de Neal Fox, les poètes modernes et leur caractère visionnaire restent les plus importants. Dans l’ordre chronologique l’on trouve Rimbaud et Baudelaire, pionniers de l’utilisation de narcotiques et de l’alcool dans leur quête d’inspiration. Ils sont suivis par les poètes de la Beat Generation (Allen Ginsberg et Jack Kerouac entre autres), qui poursuivirent cette quête avec la forme en vers libre, un vocabulaire plus familier et des images empruntées à la culture contemporaine.
Neal Fox est aussi co-fondateur de la revue périodique et acclamée d’art graphique LE GUN et membre du collectif du même nom (exposé en 2011 dans le second espace de la galerie, LOFT19). Ses illustrations figurent régulièrement dans les pages du Guardian et du Times.