La présence de l'homme dans la nature et/ou dans la peinture ne peut être mieux exprimée. Le paysage s'humanise sans conflit : l'homme ou la femme ne le modifie pas en y imposant l'architecture de ses formes...
(Jean-Pascal Léger)
Lorsque récemment, dans une même conversation, les noms de Pierre Tal Coat et Toni Grand furent cités, soudain résonnèrent en moi comme les harmoniques d'un même accord. Comme si de deux notes jouées ensemble, s’échappait le lointain écho d'une même chose sue et tue à la fois. Comme si une même vision « sympathique » du monde et de la nature préexistait à la source de leurs travaux respectifs.
Henri Maldiney d’ailleurs au sujet de Tal Coat parle d’une « relation fondamentale de Tal Coat avec l'univers (qui) n'est pas agressivité mais sympathique ». Comme on le dit des cordes sympathiques, celles sur lesquelles on n'exerce aucune action, mais qui entrent en vibrations par simple résonance — par sympathie — due à la seule proximité des cordes jouées. L’œuvre de Toni Grand est du même ordre. Confrontées l’une à l’autre, ces œuvres s’enrichissent de ce même rapport.
Chez Tal Coat comme chez Toni Grand, toute chose destinée à l'oubli doit être retenue, gardée mais avec le même souci de ne jamais sur-charger ce qui ne s'impose pas. Un même rapport au silence aussi, condition première de l’accès. Expérience formelle d'une commémoration, d’une permanence. Survivance de la chose souvenue. Chez le sculpteur et chez le peintre-dessinateur, il s’agit de faire naître la forme contenue, la laisser apparaître plutôt que la mettre à jour. Rendre visible un "invisible là" (cf. Maldiney).