« De tout temps, on a représenté les fleurs. Depuis l’Antiquité, nombreux sont les artistes qui ont décrit avec la minutie du miniaturiste : tiges, pistils, pétales en corolles ou en grappes. La fleur s’est imposée à travers les siècles comme un motif incontournable, un classique de la peinture. Pourquoi ? Est-ce parce qu’une fleur signifie davantage que ce qu’elle est ? Est-ce parce qu’elle donne à penser plus que la nature dont elle est issue ? Ce succès est sans doute lié à la signification éminemment symbolique que la fleur revêt depuis des siècles. » (Marianne Mathieu)
Pour sa 6ème exposition personnelle à la galerie, Keith Tyson a décidé à son tour de se confronter à ce « genre » classique et présente une série d’une vingtaine de peintures inédites dont l’aboutissement formel aura nécessité près de cinq années de travail.
« J’ai (…) commencé à me demander si je serais capable d’envisager mes peintures dans le même esprit qu’un arrangeur floral, combinant différents styles et techniques de peinture en une oeuvre unique, pour le simple plaisir des yeux et la poésie du geste. Chaque coup de pinceau comme un pétale, chaque style de peinture comme une fleur. (…) Je voulais également que mes peintures présentent un éventail le plus large possible de styles et de textures. Je me souviens qu’un jour, après une grande marche dans la campagne du Sussex, j’avais décidé de m’attaquer à des formats monumentaux. (…) En chemin, j’avais réalisé que bien qu’elle soit finalement composée essentiellement de la même matière première, la Nature portait en son sein une infinité de textures du fait des différents agencements et emplois qu’elle en faisait. Le hérissement des touffes d’herbe, les ramures des arbres, les ondulations des collines et les tourbillons des nuages sont ainsi, du fait des différents systèmes de causalité qui les actionnent. Je voulais retranscrire ce réseau complexe de textures multiples. Ce sentiment d’être perdu dans l’infinie complexité du Tout. » (Keith Tyson)
Keith Tyson est né en 1969 à Ulverston, en Cumbrie (Angleterre). Il est diplômé de l’Université de Brighton en 1993, puis trois ans plus tard, il reçoit le prix pour les Arts et l’Innovation de l’ICA. En 2002, il remporte le prestigieux Turner Prize.
Il a été exposé au Centre Georges-Pompidou, au Whitney Museum, à la Royal Academy, à la Tate Modern, à l’ICA et au Musée d’art moderne de San Francisco ; il est présent dans de nombreuses collections prestigieuses à travers le monde, dont le Louisiana Museum (Copenhague), le Arts Council (Londres), le MoMA (New York), le Centre Georges-Pompidou (Paris) ou encore le Musée d’art contemporain de Los Angeles. Il vit et travaille dans le Sussex ; il est représenté par la Galerie Georges-Philippe & Nathalie Vallois depuis 1997.