Avec cette neuvième exposition personnelle depuis 1999, la galerie est heureuse de fêter vingt ans de collaboration avec Jacques Villeglé.
Le titre de l’exposition, on l’aura compris, ne fait pas tout à fait référence à quelque qualité de l’artiste, et son thème, contrairement à toutes les expositions précédentes, ne regroupe pas particulièrement les oeuvres d’une des séries définies par son catalogue raisonné. La sensualité exacerbée de ces affiches – correspond à un moment précis dans l’histoire du Lacéré Anonyme.
Entre 1989 et 1992, Villeglé réalise sa dernière campagne d’affiches lacérées à Paris, le « matériau » se raréfiant du fait de la disparition de l’affichage sauvage au profit des grands panneaux publicitaires urbains. Or, cela coïncide très précisément avec l’explosion des messageries érotiques sur le Minitel, cet ancêtre français d’internet, aujourd’hui totalement disparu, mais ô combien représentatif de la société française à la fin des années 80’.
Le résultat est un catapultage de fragments de corps nus et lascifs, de slogans évocateurs et de couleurs tapageuses où dominent, sur fond noir, le jaune, le rouge et le rose fluo.
Et comme l’écrit Harry Bellet, dans l’un des textes du catalogue que nous éditons en cette occasion : « on sent une certaine affinité entre l’artiste et les modernes Lorettes. Comme elles, il arpente les trottoirs, et c’est un grand marcheur. Il a aussi un respect pour elles qui est admirable : elles s’affichent, ou plutôt on les placarde, il les décolle, les libère.» Comme lui, elles sont anonymes : on les prénomme, de pseudonymes pensés par les concepteurs publicitaires. Il lui arrive de les déchirer, certes, mais ainsi qu’il l’a confié à Nicolas Bourriaud dans la monographie précitée, « un visage blessé est toujours très beau ». En fait, ces dames-là, Villeglé ne les a pas lacérées : il les a doucement, tendrement, longuement, mais toujours amoureusement effeuillées. »
Lorsque nous avons proposé à Jacques comme titre le volontairement provocateur « Jeune, Gay et Impudique » reprenant l’un des slogans d’une oeuvre de 1989, il l’a accepté immédiatement, sa seule inquiétude étant que nous puissions penser qu’il était Impudique !