La Galerie Nathalie Obadia est très heureuse de présenter l’exposition de Ricardo Brey All that is could be otherwise, après celle de la galerie de Bruxelles en 2014 avec Kicking the can down the road.
Ricardo Brey, né à la Havane (Cuba) en 1955, vit à Gand en Belgique depuis 1991. Il est un des artistes cubains les plus influents sur la scène internationale. Dans les années 1980, il fut l’un des membres actifs de Volumen I. Ce collectif composé par de jeunes artistes, né à l’occasion d’une exposition à la Havane en 1981, signa l’acte de naissance de l’art contemporain cubain d’avant garde après la Révolution de 1959. Les oeuvres de ses membres se distinguèrent du courant officiel du réalisme socialiste cubain en proposant une pratique artistique davantage conceptuelle et de nouvelles formes d’art. C’est lors de la troisième Biennale de la Havane, en 1989, que Jan Hoet découvre le travail de Ricardo Brey et qu’il l’invite à participer à la Documenta IX de Kassel en 1992. La présence de l’artiste dans cette exposition confère à sa carrière une dimension mondiale.
En 1985, Ricardo Brey voyage aux Etats-Unis. Pendant une période de quatre mois, il produit des oeuvres qu’il présente à la Amelie Wallace Gallery (State University of New York) et rencontre des artistes New Yorkais. Il partagea aussi le quotidien précaire des Indiens du Dakota du Sud. Cette expérience au sein de leur vie difficile a marqué l’œuvre de l’artiste du sceau du vivant et de la nature, auxquels ces communautés sont particulièrement sensibles. Cela poussera aussi Ricardo Brey à une introspection personnelle quant à ses racines afro-cubaine. Son travail, des années 1980-1990, est ainsi pénétré de références à tous les éléments composant le monde et à un point de vue holistique qui le guide encore aujourd’hui.
Fort de ses racines nigériennes et espagnoles, proche du chamanisme et de ses pérégrinations aux quatre coins du monde, Ricardo Brey multiplie les évocations au sein de son œuvre. L’artiste propose une réflexion sur la relation entre l’homme et la nature, l’interaction entre les différentes cultures et religions ainsi que la culture identitaire dans nos sociétés contemporaines. Dans un univers confrontant poésie, science et mythe, son travail fait notamment écho à la théorie du structuralisme de Claude Levi-Strauss (1908 - 2009), à l’oeuvre du réalisateur russe Andreï Tarkovski (1932 - 1986) ou encore au Hagakure, cette compilation de pensées et d’enseignements du samouraï Jōchō Yamamoto (Japon, XVIIIe siècle).
L’exposition à la galerie All that is could be otherwise mettra en avant plusieurs grands thèmes propres à l’œuvre de Ricardo Brey. Dans ses travaux les plus récents la figure de l’arbre est souvent interrogée, jonchée de fragments, entourée de parcelles d’objets ou encore partiellement recouverte. L’artiste s’inspire directement de la place de la végétation à Cuba, où ont été pratiquées des déforestations massives. Ces clichés de souches, souvent imprimés sur toile, offrent des images puissantes intensifiées par l’ajout d’objets, comme dans les oeuvres Sea Level (2016) ou Àrbol Cortado y escombros (2013-2014). Birdland est une pièce centrale dans le travail de l’artiste, réunissant des sujets récurrents et des pensées au sein d’une seule oeuvre, en combinant des références à la musique et à la nature. L’installation, mais aussi l’oeuvre de l’artiste en général, impliquent l’esprit libre d’association emprunté à l’univers du Jazz «(...)des pensées qui se croisent, qui vont et viennent dans différentes formes pendant des années». « Birdland est le nom d’un lieu mythique pour tous les musiciens de jazz. Au milieu d’un nid fait de manteaux et de déchets urbains, entouré d’œufs d’autruche, se trouve un saxophone, dressé comme un cygne », explique Ricardo Brey à propos de cette installation. L’oiseau, ou ses œufs, sont aussi fréquemment présents comme une métaphore poétique de la liberté et d’une extension vers l’ailleurs (notamment avec l’oeuvre The Tourist, 2016).
Les oeuvres sur papier matérialisent une véritable réflexion liée aux « photographies-sculptures » et aux installations de l’artiste. Pour lui, la feuille est un support qui constitue un espace où le format est limité mais où la matière envahit la surface en lui donnant du poids, en rendant physiques des images, des idées et des pensées. Dans son oeuvre Inferno (2016), il fait notamment référence au texte Dos lecciones infernales (XVIIème siècle) de Galileo Galilei (1564-1642) duquel il extrait des mots ou des passages afin de matérialiser des idées, des sons et des pensées qui l’inspirent. La feuille devient un territoire où la main de l’artiste laisse une trace dans le monde. L’oeuvre sur papier est un objet à part entière. Il est synonyme d’une liberté de temps, de lieu et d’espace.
Avec l’exposition All that is could be otherwise, Ricardo Brey retient le mot coréen « Hallyu » qui assimile la rapidité de diffusion de la culture au mouvement d’une vague. Dans leur ensemble, les oeuvres de l’artiste nous intriguent, nous bouleversent autant qu’elles nous échappent. L’artiste produit des images globales et nous fait nous questionner sur nous-mêmes et notre relation à un monde tumultueux. Son travail est le reflet de ses interrogations à propos de grands thèmes tels que le langage, l’image, la rêverie, la culture, la connaissance, le temps et les liens entre l’ordre, le chaos, la raison et l’irrationnel. C’est dans un flot ininterrompu de pensées et de signes que Ricardo Brey construit et déconstruit une oeuvre spirituelle et résolument poétique.
Ricardo Brey est né à la Havane (Cuba) en 1955. Il vit et travaille à Gand (Belgique) depuis 1991.
L’artiste a été diplômé de la Escuela Nacional de Bellas Artes San Alejandro de la Havane en 1974.
Récemment, il a bénéficié d’expositions personnelles importantes avec notamment avec Au fond du ciel au M.H.K.A à Anvers (Belgique, 2015), BREY au Museo Nacional de Bellas Artes à la Havane (Cuba, 2014), The Burden and Blessing of Mortality au New International Cultural Center à Anvers (Belgique, 2009), Universe au S.M.A.K. à Gand (Belgique, 2006), Ricardo Brey, Hanging around au GEM à la Haye (Pays-Bas, 2004), Sources au Centre d’Art Contemporain de Crestet (France, 2000).
Il a également participé à de nombreuses expositions collectives significatives avec notamment All the world’s futures à la 56ème Biennale de Venise à l’Arsenal et pour PERFORMANCES (Italie, 2015), How to Gather? Acting in a Center in a City in the Heart of the Island of Eurasia à la Biennale de Moscou (Russie, 2015), Ritornando a Gand, a group exhibition organised by Albert Baronian à Gand (Belgique, 2014), The Permission To Be Global: Latin American Art from the Ella Fontanals-Cisneros Collection au CIFO Art Space à Miami (USA, 2013), Nouvelles Vagues, Artesur, Collective Fictions au Palais de Tokyo à Paris (France, 2013), Sint-Jan, curaté par Jan Hoet & Hans Martens au Sint-Baafskathedraal à Gand (Belgique, 2012), Frames & Documents: Conceptual Practices, Selections from the Ella Fontanals-Cisneros Collection à Miami (USA, 2011), ABC Art Belge Contemporain au Fresnoy Studio National des Art Contemporains à Tourcoing (France, 2010), Something Else!!!! A selection of works from the S.M.A.K au Museo d’Arte della Provincia di Nuoro (Italy, 2009), Kunst uit huis IV: Otto L. Schaap Content Art Consumers au Stedelijk Museum Schiedam (Pays-Bas, 2008), Commitment au CC Strombeek à Bruxelles (Belgique, 2007), Kick! A project by S.M.A.K. & A.Z. Maria Middelares à Gand (Belgique, 2007), Room with a view, The Bouwfonds Art Collection au Gemeentemuseum à La Haye (Pays- Bas, 2006), Trattenendosi à la Biennale de Venise (Italie, 1999), Ainsi de suite 3 au Centre Régional d’Art Contemporain à Sete (France, 1999), Tussenin / in between au Museum Dhondt-Dhaenens à Deurle (Belgique, 1998), I TransAfrican art invitational exhibition au Orlando Museum of Art (USA,1998); Ricardo Brey a également reçu une bourse du Guggenheim en Art et Sculpture.
Les œuvres de Ricardo Brey sont présentes dans de nombreuses collections privées et publiques telles qu’à la Fondation Sindika Dokolo (Angola), au MOA/ FL Museum of Art/Fort Lauderdale (USA), au FNAC (France), au Museo Nacional de Bellas Artes de La Havane (Cuba), au S.M.A.K de Gand (Belgique), au Lenbachhaus Museum à Munich (Allemagne), au Suermondt-Ludwig-Museum de Aix-La-Chapelle (Allemagne), à la Collection De la Cruz à Miami (USA), à la Collection Ella Fontanals Cisneros - CIFO, Miami (USA), à la Collection Bouwfonds (Hollande), à la Collection Pieter et Marieke Sanders (Hollande).