Scoli Acosta (1973, vit et travaille à Los Angeles, USA). Solar Panel Relief, 2008, papier liant, colle polyurethane, peinture acrylique, 68 x 98 x 8 cm Sunflower Tire Planter, 2008, sac en papier, bois, gel, mousse, peinture acrylique. Les deux œuvres présentées ici participent à la réflexion de l’artiste sur l’empreinte carbone: « Carbon Footprint (titre de son exposition à la galerie en 2008)est une recherche basée sur les applications métaphoriques et pratiques des énergies renouvelables et de substitution ainsi que sur une « esthétique de la débrouillardise ». C’est également le prolongement de Bountiful (Abondance), ma première exposition personnelle à Laxart (LA) qui a comme point de départ des briques roulées et polies par l’océan. J’utilise des objets et des matériaux trouvés, recyclés, isolant l’aspect poétique et utilitaire du quotidien par une pratique d’atelier organique où chaque sculpture, peinture, dessin conditionne le suivant. Mes références comprennentles peintures murales représentant des cornes d’abondance (comme on en trouve au coin des rues de East Los Angeles), les voitures, l'énergie solaire, le monde végétal, et les constructions humaines altérées par le processus de la nature. »
Sylvie Auvray (1974, vit et travaille à Paris). De tout l’attirail technique qui encombre la production céramique, il n’y a que le four à la porte duquel je reste timide. Ne seront convoquées ni les puissances du dedans, ni les histoires héroïques des ancêtres cavernicoles qui, walldrawings aidant et quelques pots disposés autour –les plus californiens les avaient garnis de fleurs sauvages–, savaient transformer la grotte en home.
La céramique est un art de brute, de mec petit taureau picasso torse nu qui met l’atelier madoura en péril, furieux qu’il est de se mesurer au feu et à la terre et aux engobes... Aux brutes épaisses viennent les brutes slim contournées gaulées délivrant des petites sculptures1 étrangement familières, dont on a envie tout de suite –il y a une place chez tout le monde pour elles. Dimensions infrahumaines à la hauteur d’une tête, elles pensent, en ordre de bataille, à défier les cadors de la céramique monumentale, à juste titre quand les mains sont la mesure des formes. Une main de masseur... Pot Is Fun, Frank Gautherot
Hsia-Fei Chang (1973, Taipei, vit et travaille à Paris), Bubbles, 2011, néons, 150 x 100 cm. Toute la finesse de la démarche de Hsia-Fei Chang est dans cet « air de rien du tout », dans cette impression de légèreté qui a vite fait d’exprimer une violence terrible (car triviale) — la lourdeur de l’ennui, le ridicule des habitudes — mais aussi les angoisses de la solitude, de l’amour, du mensonge, de la trahison. Elle pratique un humour qui n’a rien de cynique ou d’ironique, au contraire : c’est drôle, tendre et humble. L’artiste ne juge pas et surtout, elle ne cède à aucun sentimentalisme facile. Hsia-Fei Chang est connue pour ses performances décalées et un peu trash, tout aussi jouissives qu’inquiétantes. Avec ses bulles de savon en néons, qui semblent tout droit sorties d’une bande dessinée, Hsia-Fei Chang s’intéresse au paradoxe entrepermanentetévanescent.
Delphine Coindet (1969, vit et travaille à Chambéry),Prismes (n°7), 25 prismes, verre, medium, 200 x 70 x 70 cm. Depuis une vingtaine d’années,DelphineCoindet développe un vocabulaire sculptural à travers des dispositifs d’expositions conçus comme des mises en scène ouvertes, des collages et assemblages de matériaux et de techniques hétérogènes. L’inventivité de son langage, en constant dialogue avec l’architecture et le design, s’articule aujourd’hui autour d’une large palette d’expériences comprenant,outre l’exposition,la scénographie,la commande publique,la performance etl’éditiondemobilier radical.
En 2014 l’artiste a été invité au Cirva (Centre du verre à Marseille) à expérimenter auprès d’artisans verriers ce nouveau matériau dans sa pratique. Elle y a conçu des formes qui mettent autant à profit la virtuosité du savoir faire artisanal que l’accident, laissant place à une déclinaison de couleurs et de textures. Les Prismes ont été conçu a partir d’un moule existant. Fragile et précaire, cette pyramide est composée de modules qui s’alternent tête-bêche séparés par des plateaux perforés. Empruntant aux modes de l’artisan l’expérimentation passe ici par la série qui permet le perfectionnement du geste et de la pensée.
Marc Couturier (1946, vit et travaille à Paris), Theatrini, douelles de foudre, bois et tube lumineux, circa 43 x 76 x 31 cm. Les « redressements » de Marc Couturier sont un ensemble d’œuvres « non faites de main d’homme » (en grec ancien acheiropoïète)dont la forme évoque providentiellement figures et paysages,facilement identifiables.Il nous les donne à voir, sans les modifier.Une feuille d’aucuba devient vitrail; une promenade dans Amiens donne naissance aux «Cabochons », redressement virtuel d’éléments d’architecture ; une douelle de foudre, trouvée dans un chai au Portugal, forme une sculpture primitive ; la présentation et la mise en lumière de fragments de douelle en «Theatrini» en fontun ensemble de petits paysages...
Philipe Durand (1963, Paris), Vallée des merveilles 2 #07, 2015, impression jet d’encre sur papier Hahnemule Photo Rag. Verre antireflet, encadrement chêne brut,129 x 104 cm.
Philippe Durand développe une pratique photographique sur le mode de la déambulation, à la recherche de traces d’expression visibles dans l’espace public : objets posés et déplacés, collages auto-générés, graffitis. Jouant sur le pouvoir d’évocation des images et sur des analogies visuelles, il réalise des clichés qui mettent en évidence le rapport de force constant entre nature et civilisation. Depuis le début des années quatre-vingt-dix, il dresse les portraits de plusieurs villes et de leurs abords, Bamako, Bruxelles, Los Angeles, Paris, Nice, qui révèlent les signes et les indices fugaces de leur évolution sociale ou économique. En 2014, Philippe Durand décide d’explorer la vallée des Merveilles, située dans le Parc National du Mercantour. Fasciné par cet espace naturel, il y découvre un patrimoine archéologique exceptionnel, qui selon lui constitue « un autre espace public, évidemment non urbain mais balisé, marqué, transmis d’une personne à l’autre ». Considérant ce site comme un proto-musée en plein air, sans auteur, sans commissaire, sans public ni communication, l’artiste en fait le lieu d’un développement de son travail, dans une nouvelle dimension spatiale et temporelle.
Vincent Olinet (1981, vit et travaille à Paris), Young Ruins / Forever for ever, 2015, acrylique sur verre feuilleté, 100 x 70 cm.
Young Ruins est une série de peintures de faux marbre sur plaque de verre, dont la couche de peinture est grattée par endroits.
Peindre sous verre, c'est peindre à l'envers. C'est élaborer à rebours, commencer par les détails et finir par des aplats larges, puis gratter pour révéler la transparence du support. Le faux marbre, par définition, n'existe qu’en tant que production. Il copie la nature, parfois enexagère les traits, etinvente sonhistoire géologique aucours de sa réalisation.
Certaines de ces plaques ont été installées dans des bars et laissées à la disposition de contributeurs anonymes. C'est cette mise en danger provoquée par l'anonymat du graffiti qui m’intéresse. Le marbre réduit à sa pellicule d'artifice où transparaît un souffle d'humanité, aussi pauvre etfutile qu'un graffiti.Parole gravée en secret, dans l'intimité des toilettes ou sur une table de collège. Provocatrice, vengeresse, maladroite, amoureuse...comme une respiration anonyme de la pensée
Haim Steinbach (1944, Israël, vit et travaille à NY), castle in the sky, 1986, impression sur vinyle, dimensions variable. Haim Steinbach élève au rang d’art les objets du quotidien, il explore le rituel social de la collection, de l’arrangement et de la présentation des objets, en révélantleur contexte culturel et psychologique. Le travail de Steinbach a radicalement redéfini le statut de l’objet dans l’art, et a eu une profonde influence sur le développement des discours artistiques post-modernes. Steinbach est aussi un collectionneur de court « statements ».Quand il croise une expression familière, un titre ou un slogan qu’iltrouve intriguant ou pertinent, il le découpe, conservant le texte en lui même mais aussi sa police d’origine. En transférant des phrases du langage courant en peinture murale, dessin ou impression sur des murs d’exposition, Steinbach transforme le contexte original du langage et amène les mots vers de nouvelles significations et associations. Quand il pose des objets sur des étagères, il rappelle au spectateur que le « display » - la façon de présenter les choses- est une entreprise idéologique. De la même manière, les textes qu’il pose au mur serventà joueravec les codesétablisde l’interprétationde cequenous voyons.
Alan Vega (1938-2016, NY USA), Rouge, 2013, technique mixte, 162,5 x 162,5 x 20 cm AlanVega est connupourêtre l’un des pionniers du rock électronique minimaliste, co-fondateur avec Martin Rev du groupe mythique « Suicide » au début des années 70, est avant tout un artiste plasticien actif sur la scène artistique New-Yorkaise dès la fin des années 60.
J’ai débuté comme peintre. La première fois que j’ai réalisé une "sculpture lumière" je travaillais sur une peinture de grand format de couleur violette. Une seule ampoule éclairait la pièce, et comme j’allais et venais, j’ai remarqué que la peinture prenait différents aspects. Je n’arrivais pas à obtenir l’unité de couleur que je cherchais et je me suis dit : "fuck this man" ; j’ai décroché l’ampoule du plafond, et je l’ai littéralement plantée sur ma peinture. Cela m’a ouvert à l’idée même de couleur, alors que je voulais la contrôler, j’ai commencé à voir à quel pointla lumière pouvait modifier une peinture : c’estla lumière qui détermine la peinture […].Dès que j’ai commencé à travailler avec l’éclairage, j’ai utilisé de plus en plus d’ampoules, à la place de pigments. Le sampoules de couleur sont devenues ma propre palette.
Yarisal & Kublitz (Ronnie Yarisal 1981, Suisse / Katja Kublitz, 1978 Danemark – vivent et travaillent à Berlin) XOXO, céramique, bambou, corde, 250 x 63 x 4 cm (entrée), Walking the walk, talking the talk, 2014, bâton, tissu, balles rebondissantes, cuivre (salle 1).
Le duo d'artistes helvético-danois joue de manière subtile, avec humour et subversion, sur l'ambiguïté des frontières entre symboles sacrés et références culturellespopulaires. Walking the walk est un bâton de chaman, phallique et solitaire sans son prophète, construit à partir un grand morceau de bois couronné d’une charnière en cuivre à laquelle sont suspendues deux filets rouge contenant chacun une balle rebondissant à paillettes : la bite sacrée et ses deux potes. Selon la tradition païenne, le bâton de chaman, comme un talisman sacré, fonctionne comme le catalyseur d’une transformation et représente la connexion entre les réalités matérielles et spirituelles. Le bâton est donc le guide,lemembre indispensable quidonne accès à l’au delàmythique. XOXO est une sculpture faite de terre cuite et de bambou. XOXO est une signature numérique devenue universelle, une méthode commune de communication. Yarisal & Kublitz étaient très surpris d’apprendre, en consultant leur fidèle guide Wikipedia, que XOXO qui signifie aujourd’hui « calins et baisers » est le fruit de diverses traditions religieuses