L’artiste photographe suisse Béatrice Helg s’impose comme une figure singulière dans l’histoire de la photographie mise en scène. En effet, loin des approches hyperréalistes ou narratives, l’artiste développe dès les années 1980 une écriture spécifique mêlant espace, lumière et matière, qui lui vaut une reconnaissance internationale.

Influencée par l’avant-garde russe et le constructivisme, passionnée de musique, sensible aux notions d’espace et de temps, à l’architecture, à la mise en scène de théâtre et d’opéra, Béatrice Helg crée dans son atelier des installations où la sculpture, la peinture, la mise en scène et surtout la lumière interagissent. Elle compose des installations à partir de matériaux de récupération ou de matières qu’elle imagine et façonne spécialement pour la prise de vue. La lumière devient ici le matériau essentiel. Elle est le médium par lequel toute révélation est possible.

Sculptures ou architectures éphémères, ses œuvres monumentales émergent des profondeurs du silence, elles dévoilent des univers d’ombre et de clarté d’une étrange beauté, aussi poétiques que spirituels. On y pénètre et l’on s’y perd, entre l’éblouissement et le noir abyssal ! L’œuvre de Béatrice Helg ouvre sur un infini, sur une quête d’absolu ou la recherche d’un mystère intérieur.

Sentir la beauté, c’est donc participer à l’abstraction à travers un agent particulier.
En un sens, c’est un reflet de l’infini de la réalité.

(Mark Rothko, La réalité de l’artiste, 2004)