Spectres est le titre de la seconde exposition individuelle de l’artiste à la galerie. Régulièrement exposé depuis 1988, Miguel Branco a construit un univers très personnel se déployant à travers différents mediums qu’il maîtrise parfaitement comme la peinture, le dessin, la sculpture ou encore l’image digitale. Son œuvre est axé sur la métamorphose et l’étrangeté tout autant que sur l’image et les mécanismes qu’elle provoque. La notion d’échelle tout autant que le choix de l’animal, l’un de ses sujets de prédilection, distinguent son œuvre qui s’inspire souvent d’images existantes puisées dans l’Histoire de l’Art ou dans d’autres univers tels que celui des médias (photographies de journaux par exemple), du cinéma de science-fiction, de l’imagerie bandedessinée ou encore d’images circulant sur internet. Cette utilisation de différentes sources et strates historiques est au cœur du processus de création de l’artiste, comme l’explique le critique d’art portugais Bernardo Pinto de Almeida : «Comme s’il utilisait un scalpel, Branco dissèque et découpe différentes représentations de l’histoire de l’art qu’il déconstruit et réassemble en de nouvelles images hybrides et énigmatiques.
Ces images sont méticuleusement (re)construites et (re)créées à travers des reconfigurations successives d’éléments provenant de différentes sources, souvent virtuelles. L’artiste exploite amplement et librement les innombrables outils de création offerts par les nouvelles technologies - collages, agrandissements, réductions, découpes, gommages, ajouts… Ces formes qu’il remanie, réécrit, réinvente manuellement à l’infini donnent naissance à de nouvelles images obtenues grâce à de multiples transformations virtuelles leur ôtant toute notion d’origine et toute trace de l’existence d’une première image. »
Cette exposition présente une série de peintures de format très réduit ponctuant l’espace de la galerie tels des pixels sur un écran vierge. Trois groupes d’images émergent de cette série - les Oiseaux, les Vanités et les Drones - en convoquant respectivement la Nature, la Culture et la Technologie. Ces images, discrètes et contemplatives, semblent néanmoins nous hanter telles de silencieux spectres : les caméras de surveillance, les drones et les icebergs affleurant à la surface d’eaux cristallines, sont devenus étrangement les symboles de notre présent contemporain. La manière « classique » avec laquelle ces images sont peintes crée une tension subtile dans leur perception immédiate : d’un côté, elles parlent de notre présent mais semblent de l’autre, appartenir déjà à un lointain passé. Cette exposition est conçue en dialogue avec l’exposition consacrée à Miguel Branco au Musée de la Chasse et de la Nature, à quelques pas de la galerie, intitulée Black Deer « Résonances, Enlèvements, Interférences » du 8 novembre 2016 au 12 Février 2017. Les œuvres de cette exposition, organisée et produite en étroite collaboration avec la galerie, ont d’innombrables liens avec les œuvres présentes dans les Collections du Musée.
Né au Portugal à Castelo Branco en 1963, Miguel Branco a étudié à la Faculté des Beaux-Arts de Lisbonne et dirige depuis 1994 le Département de Dessin et Peinture du Ar.Co. – Centre d’Art et de Communication Visuelle de Lisbonne. Son œuvre est présente au sein d’institutions internationales tels le Mudam au Luxembourg, le Cam - Centre d’Art Moderne de la Fondation Calouste Gulbenkian à Lisbonne ou encore la Fondation Serralves à Porto. Une importante exposition personnelle lui a été consacrée au Musée de Schloss Ambras à Innsbruck en 2015.