La galerie Laure Roynette présente du 3 décembre au 16 janvier 2016, l’exposition personnelle de Géraldine Cario « Réparation »
« Géraldine Cario, vous travaillez sur la mémoire, les traces, le temps, l’absence, la perte ?
« Ce sont des thèmes centraux. On a vu des similitudes entre mon travail et celui de Boltanski, artiste qui m’est cher. Mais le mien est différent. À tous ces thèmes, se rajoute celui de la réparation. Je ne les envisage pas comme une fin en soi.
Je travaille sur la mémoire pour préparer le futur, sur les blessures pour les guérir. Je cherche à interroger nos points de vue, changer les perspectives. Vivre avec mes oeuvres est facile car elles véhiculent toujours un élan vers l’avenir, une force vitale.
Il me semble plus pénible de ne pas aborder ces sujets que de les affronter. C’est une guerre sereine, un chemin initiatique qui vient s’inscrire dans la réalité afin de la transformer. Le mot «Réparation» sera d’ailleurs le titre de ma prochaine exposition. »
(interview de Géraldine Cario par Caroline Clavier pour Côté Paris octobre 2015)
Comme l’a écrit Marc Lambron, Géraldine Cario travaille « Par cristallisations, éclats, énigmes, effets d’absence. Des objets, dont l’agencement témoigne d’une intention, sont proposés au présent : on peut les voir, les décrypter, les toucher même. Face à eux, nous sommes vivants. Eux sont pris dans la contingence de leur aléatoire pérennité, rescapés du grenier, de la solderie, du bric-à-brac – alluvions du passé soudain dignifiés par un regard. Ils avaient un usage, une destination. Le temps les a transformés en reliques ; en questions.
Voyez « Memory Box ». Des appareils photographiques des années 1930-1945 sont rassemblés comme sur une planche anatomique. Objectifs, boîtiers chromés, molette qui n’actionnera plus aucun rouleau. Autrefois, un doigt a pressé le déclencheur, les sels d’argent de la pellicule ont capté une moire de lumière. Des corps impressionnaient une surface. Au développement, des visages familiers se fixaient sur le papier. Personne ne saurait dire où sont passés ces clichés. Mais le destin des vestiges est de survivre aux hommes : images disparues, focale intacte. Etait-ce à Paris, à Berlin, à Rimini ? Quelles luminances, quels secrets, quelles amours ? On ne le saura jamais. Il émane de ces boîtiers la double certitude d’une existence – des êtres sont passés – et d’une disparition – ils se sont perdus dans les labyrinthes du temps.(…) Ces oeuvres sont des actes de restitution, des stèles de douleur conformées par l’absence et la gratitude. (…)
Géraldine Cario travaille au point où l’on va quérir des beautés disparues. Elle convoque l’engloutissement et l’exhumation, la damnation et la grâce.»