Le travail de Delphine Deguislage est pluridisciplinaire dans la forme. Il y a sans doute une obsession ou une crainte de l’ennui qui la pousse à un renouvellement permanent des matériaux et des techniques. Elle attache beaucoup d’importance à la fabrication des objets qu’elle crée à la main avec patience et minutie. Aujourd’hui elle joue au menuisier, à la couturière ou au peintre en bâtiment, demain, elle fait des moulages et manipule de la résine, après- demain elle est graphiste. Deguislage aime penser que si une catastrophe planétaire devait arriver, elle serait capable de construire un abri, de coudre des vêtements, de partir à la chasse et de cultiver. Les questions de survie et d’autonomie, la préoccupent particulièrement.
Dans le fond, elle s’intéresse au domestique, à l’étouffement, au corps, au désir, à la sexualité, au refoulement, aux rapports sociaux issus de la sphère familiale, à l’intimité, à la constructiondéconstruction de la personnalité et à la femme.
Cela se traduit intuitivement par un processus qui réside dans le fait de trouver des solutions plastiques à l’aide de matériaux peu coûteux et généralement achetés dans tous les magasins qui ne concernent pas les fournitures artistiques. Ce rapport aux matériaux encre sa pratique dans le quotidien.
Les objets et images qu’elle fabrique par associations successives sont autonomes mais toujours assemblés en regard de l’espace d’exposition et selon une configuration qui tisse des liens sémantiques et esthétiques.
Née à Namur, Belgique, en 1980. Elle vit et travaille à Bruxelles.
Diplômée de l’Ecole nationale supérieure des arts visuels de La Cambre à Bruxelles, Delphine Deguislage est une artiste curieuse de tous les matériaux et techniques. N’ayant pas encore d’atelier, elle pense ses oeuvres en rapport à l’espace et à la perception du spectateur. Ses aplats de couleur prennent corps dans un espace tridimensionnel comme en témoigne Hexacube, 2004.
Après un intérêt croissant pour les villes et les non lieux, Delphine Deguislage s’installe dans un atelier anversois ce qui changera sa pratique de manière irrévocable. Avec des matériaux récupérés, l’artiste se confronte à la fabrication d’objet. Le geste et le contact avec la matière apparaissent comme des données essentielles de ses créations. Delphine Deguislage y introduit ensuite le corps pour se relier à la vie. Jamais dramatiques, ses pièces témoignent d’un ressenti et de la volonté pour l’artiste d’être autonome.
Dans son exposition Toute-Puissante, Delphine Deguislage explore la place de l’enfant par rapport au père et à la mère dans le système familial.
Delphine Deguislage a obtenu le Prix de l’Ikob I International en mai 2015. En 2014 son travail fut l’objet de deux expositions personnelles à Bruxelles : Natural High à Island et My Dopamine’s Been Busy au 105 Besme.