Tarik Kiswanson, artiste suédois d’origine palestinienne, né et elevé en Suède, présente à la galerie Almine Rech une « cosmologie » de nouvelles créations.
Oscillant entre Orient et Occident, l’oeuvre de l’artiste se fonde sur des principes de superposition de différents horizons culturels et contingences esthétiques. Il déplace aussi la limite entre art et design et s’appuie sur des données biographiques pour créer ce qu’il appelle des « objets ambigus ».
D‘autres oeuvres s’érigent tels des personnages sur la scène de l’exposition et se déploient dans les trois salles de la galerie. Motifs récurrents dans le travail de l’artiste, ces sculptures «tranchantes», en laiton ou en acier soudé, sont autant de silhouettes aux proportions anthropomorphiques. Entre cages et squelettes, ces figures sont à la fois rigides et flexibles. Leur agressivité apparente tranche avec la précarité physique de leur composition : cette ambivalence souligne ainsi leur vulnérabilité.
Le corps se matérialise par son absence manifeste, les oeuvres bien qu’immobiles ont un potentiel cinétique et peuvent être interprétées comme des métaphores de l’instabilité de notre société et de ses modes de représentations. Les « tremblements » sont insufflés par le déplacement du public au sein de la galerie et les formes ponctuent l’espace d’exposition comme autant de multiples similitudes.
Sur les murs de la galerie, des sculptures métalliques sont le résultat d’une hybridation formelle entre les masques de chevaliers européens et les niqabs métalliques portés par les femmes dans la péninsule arabique jusqu’au début du XIXème siècle. Les points de soudure, laissés visibles sur ces masques, véritable signature de l’artiste, révèlent les télescopages imaginés entre ces deux références superposées, tout en exhibant les strates de leur fabrication. Tandis que des porte-hampes de drapeaux sont convertis en sculptures post-minimalistes dépourvues de finalité pratique, il en est de même avec ces grillages rendant impossible les flâneries des visiteurs, qui retrouvent dans l’exposition, une dimension autrement sophistiquée, à la valeur ajoutée.
Ami Barak