Le frac île-de-france présente au plateau la première exposition personnelle en France d’Haris Epaminonda.
Artiste chypriote vivant actuellement à Berlin, Haris Epaminonda propose un travail principalement constitué de films, de sculptures et d’installations qui intègrent images et objets de diverses époques et origines, suscitant ainsi de multiples rencontres et confrontations, tout en entretenant un rapport explicite au passé.
L’un des traits caractéristiques de sa démarche réside à la fois dans le choix précis des objets qu'elle propose et dans la minutie de leur présentation. Sortis d’un contexte que l’on devine mais qui ne nous est jamais distinctement révélé, leur étrangeté intrinsèque n’en est que plus profonde. Pages de livres anciens, vases, statuettes, etc., se trouvent mis en relation par le biais d’associations visuelles et dessinent un espace fictionnel. Leur mode de présentation – leur exposition – s’avère capital et même si nous avons affaire bien souvent à un mode scénographique muséal conventionnel – socles, vitrines, etc. – celui-ci se trouve entièrement revisité et détourné : les socles deviennent sculptures, les vitrines se font aquariums, certains cadres en cachent d’autres pour ne révéler que le détail précis d’une image.
Les films d’Haris Epaminonda – notamment ceux de la série Chronicles (de 2010 à aujourd’hui) - témoignent d’un même rapport au monde et de cette même façon de nous le donner à percevoir : plans de natures mortes d’objets et d’images, composées et recomposées avec des fonds colorés en arrière-plan – pour des prises de vues proches du constat de l’archéologue - , paysages vibrants au rythme des éléments qui les traversent - un palmier ondule au gré du vent, des nuages passent au sommet d’une montagne, un coucher de soleil avec la mer pour horizon -, ces films réaffirment la perspective poétique de la démarche de l’artiste.
L’exposition au plateau marque une étape importante et nouvelle dans le travail de l’artiste qui – tel que l’indique le titre – se conçoit comme une seule oeuvre se construisant dans le temps, en différents volumes et chapitres.
Haris Epaminonda y propose un environnement global, investissant l’espace du plateau totalement dépouillé avec une série d’habitacles, de plateformes et d’écrans à la fois sculptures et dispositifs de présentation d’oeuvres. Incluant d’autres éléments, films ou pièce sonore – composée spécialement pour l’occasion par le duo de musiciens « Part Wild Horses Mane on Both Sides », avec lequel l’artiste a régulièrement collaboré -, le projet s’affranchit du cadre de l’exposition via une série d’actions parallèles et ponctuelles reliant l’intérieur et l’extérieur du plateau. Dans un hommage appuyé au cinéaste japonais Yasujiro Ozu, ces interventions performées dessinent une sorte d'archipel habité en perpétuel devenir.
L’ensemble, condensant toutes les différentes perspectives de la démarche de l’artiste où l’idée de voyage, de déplacement – dans le temps, dans l’espace – apparait fondamentale, offrira une expérience unique pour une perception tant sculpturale, spatiale que cinématographique de l’exposition.
Haris Epaminonda est née en 1980 à Nicosie (Chypre), elle vit et travaille actuellement à Berlin. Le travail de Haris Epaminonda a fait l'objet de nombreuses expositions monographiques dans des institutions internationales : Museum of Modern Art, New York (2011) ; Schirn Kunsthalle, Franckfort (2011) ; Tate Modern, Londres (2010) ; Malmö Konsthall (2009). Co-représentante de Chypre à la Biennale de Venise en 2007, elle a notamment participé à dOCUMENTA (13), Kassel (2012), à la seconde Biennale d'Athènes (2009) et à la 5e Biennale de Berlin (2008).