Qu’il s’agisse d’un étrange voyage à Tahiti sur les traces de Gauguin, du portrait d’un solitaire reclus au milieu des bois philosophant sur l’origine et le destin de l’humanité, de l’apprentissage en pleine forêt de la faune par des enfants, d’une scène confinant au mythe montrant un groupe d’hommes, de femmes et d’enfants se baignant dans une rivière, des portraits de quatre femmes engagées dans des formes de vie à rebours des conventions établies, ou bien des enregistrements et visions de séances de guérison en Amazonie péruvienne, l’exposition La Rivière m’a dit donne à voir une série d’œuvres au sein desquelles la nature, de diverses manières, occupe une place primordiale.
Aborder la question de la nature nous place inévitablement dans une perspective plus que sombre. Le désastre écologique annoncé devient jour après jour une réalité plus insupportable, alors que l’homme ne parvient toujours pas à redéfinir son rapport vital au monde.
Sans que l’exposition et les œuvres elles-mêmes adoptent nécessairement des partis pris ouvertement politiques et écologiques, La Rivière m’a dit propose un parcours qui, s’il est teinté de nostalgie et semble se faire l’écho d’un paradis perdu, semble indiquer d’autres voies possibles. Composée exclusivement de vidéos pour la plupart issues de la collection, La Rivière m’a dit se déroule comme un long poème visuel dans les espaces plongés dans le noir du Plateau : un paradis perdu ou bien, plus positivement, un espace providentiel de vraie régénérescence.