La galerie Argentic présentera du 3 avril au 20 juin 2015, des photographies de presse retouchées à la main, issues de la collection du réalisateur Raynal Pellicer.
Fruit de plusieurs années de recherche, la collection de Raynal Pellicer rassemble une centaine de photographies toutes choisies pour leur rareté et qualités esthétiques. Cet ensemble unique en son genre a été montré en 2013 lors des Rencontres Photographie à Arles sous le titre Version Originale où l’exposition a connu un véritable succès et a donné naissance à un ouvrage du même nom édité aux Editions de La Martinière.
L’exposition à la Galerie Argentic proposera un focus sur une trentaine d’oeuvres emblématiques dont les protagonistes ne manqueront pas d’évoquer souvenirs et r!éminiscences cinématographiques aux visiteurs.
Cette exposition, La fabrique des icônes, repose sur l’idée même de ce que peut être une image. D’une simplicité apparente au préalable, elle nous montre comment un portrait, une scène de film peuvent être recadrés, découpés, peints, retournés pour finalement devenir une autre image où seule la personne demeure, mais plus juste, plus belle, plus photogénique.
La retouche dans la photographie de presse : Une vision hédoniste du monde?
Ces images de presse datent des années 1910 à 1970 et nous montrent que cette question de la retouche, toujours aussi actuelle et brûlante, date d’une époque où le numérique n’avait pas encore pris possession de toutes les rédactions: ici on utilise de la gouache, du correcteur liquide, on coupe, on peint, on dissimule, on reconstruit faisant de chaque photographie une pièce unique.
Cependant qu’il s’agisse de retouches manuelles visibles à l’oeil nu ou de retouches réalisées grâce à Photoshop aujourd’hui, l’idée reste la même : améliorer le visuel et son contenu, donner au lecteur la vision souhaitée et préalablement décidée.
Mesdames, votre nez n’est pas assez fin, pas de problème, un trait de crayon vous le rendra plus esthétique, idem pour vos sourcils un soupçon de feutre noir et il n’y paraîtra plus. La cigarette d’Humphrey Bogart dérange déjà en 1949, elle sera recouverte d’une peinture grise, le même sort arrivera aux volutes de fumée, ne laissant au spectateur que le regard perçant de l’acteur américain lissé de tout défauts.
Ginger Rogers, Rudy Dusek, Robert Stack, Clark Gable, Chaplin…autant de figures dont l’image se devait d’être parfaite. Et pourtant, les retouches ont toujours existé! Montrer le beau ou le bon message est une fin en soit et amène à corriger un détail qui ne convient pas.
Qu’il s’agisse de Neanderthal dans sa caverne retouchant à l’ocre un animal ou d’un Charles Le Brun retouchant une main, un drapé sur les plafonds de la galerie des glaces, depuis des siècles l’idée principale est de convaincre et de diffuser le bon message au bon moment.
Retoucher à tout prix : Limites et déontologie
De ces retouches découlent automatiquement des interrogations quant à la déontologie, le but de l’image et la place que les retouches occupent aujourd’hui dans la presse. P!ourquoi retoucher? Pourquoi les icônes n’apparaitraient-elles pas telles qu’elles sont?
Le dernier exemple en date d’une Cindy Crawford exposée sur le web telle qu’elle est dans la vraie vie en dit long… Rides, imperfections, marques du temps, autant de signes q!ui en temps normal n’ont pas droit de cité.
Alors qui mène la danse? Bien que World Press veille aux trucages et autres montages notamment dans la photographie documentaire ou le photojournalisme où la portée est hautement symbolique pour ceux qui regardent ces images, la retouche semble avoir investi tous les domaines et il devient difficile de démêler le vrai du faux.
La retouche photographique ou l’envers de l’image
Ces photographies de presse retouchées nous donnent à voir le mécanisme, la méthode, ou comment à partir d’une image on arrive à un message clef sans bavures ou éléments perturbateurs.
Elles nous révèlent l’envers de l’image de presse même et nous permettent de comprendre comment d’une image apparemment banale on arrive à une image iconique qui fera le tour du monde et donnera à celui qu’elle représente une dimension éternelle.