La Galerie Nathalie Obadia est très heureuse de présenter Stairway à l’occasion de sa deuxième collaboration avec Brenna Youngblood après Spanning Time à Bruxelles en 2013, pour sa troisième exposition personnelle en Europe.
Depuis une très prolifique décennie, l’artiste basée à Los Angeles et issue de la génération post-black est devenue l’un des talents émergents incontournables de la scène afro-américaine en Californie. Si l’oeuvre de Brenna Youngblood est originellement attachée à la photographie et à ses diverses manifestations formelles (notamment au travers du collage et de la photographie conceptuelle), elle porte depuis quelques années un travail de peinture et de sculpture qui garde résolument un lien solide avec la réalité, tout en s’acheminant vers des possibilités d’abstraction de plus en plus manifestes et radicales.
L’artiste américaine présentera un ensemble de 12 tableaux récents (tous datés de 2014) qui approfondissent sa réflexion sur la «re-composition» à partir d’éléments fragmentés. De fait, Brenna Youngblood produit des peintures à partir d’éléments et matériaux disparates qu’elle assemble dans le cadre de la toile. Pour créer des images puissantes, elle combine papiers (billets de banque, papiers vinyles et adhésifs, faux bois, papiers peints, photos personnelles et photos trouvées découpées, photocopies, lettres de carton), objets (pales de ventilateur, semelles de chaussure) et peinture (acrylique, spray aérosol, pigments colorés, tâches, coulures, empâtements, résine, transparences, grumeaux, vernis). Visuellement complexes et conceptuellement fortes, les peintures de Brenna Youngblood engagent des éléments issus d’une réalité banale, du quotidien. L’artiste fait disparaître ces images et ces objets sous les couches successives de peinture accumulées par addition, comme par soustraction lorsqu’elle gratte à nouveau dans l’épaisseur de la matière pour faire réapparaitre une image cachée, comme le ferait un archéologue avec des strates superposées. Elle prend des objets ou des images dans la réalité (qui sont représentationnels) et les rend abstraits tout en leur permettant de garder les vestiges de leur ancienne vie et fonction première. Ce qui intéresse Brenna Youngblood dans ses compositions, c’est donc perturber le familier pour questionner la multiplicité des significations des images et objets de notre ordinaire.
Le processus de construction de chaque oeuvre est complexe et ne se laisse pas facilement deviner, mais ces structures hybrides et kaléidoscopiques - parfois en bas-relief, sont véritablement des narrations dont il faut scruter le détail. Brenna Youngblood s’inspire pour ces histoires de son intimité domestique, de son temps, de la vie citadine à Los Angeles et des grilles urbaines de la rue et de la ville, des communautés locales et populations en crise ou en difficulté dont elle est originaire, des identités marginales et multiculturelles, et pour beaucoup de «l’Americana» dont elle exploite les artefacts temporels, géographiques, culturels et folkloriques pour questionner une certaine histoire des États-Unis.
Brenna Youngblood explore des notions formelles d’histoire de l’art dont elle dispose librement (Abstraction Gestuelle, Collages, Colorfield pour ses monochromes composites, évocations des Combines Painting de Robert Rauschenberg) dans ses portraits, paysages, natures mortes, intérieurs et abstractions afin de soulever des questions éminemment à charge et politiques d’identité, de couleur, de classe et de mémoire.