Du 25 janvier au 22 mars 2015, Selma Feriani Gallery accueille Habba – Zaytūna, une exposition personnelle de l’artiste marocain Younès Rahmoun.
Installation, dessin, photographie, vidéo ou performance, Younès Rahmoun explore une variété de médiums et développe depuis quelques années une pratique polymorphe intrinsèquement liée à sa démarche spirituelle à l’intersection de la philosophie orientale et de la mystique musulmane.
Cette exposition est l’occasion de montrer des œuvres anciennes et récentes de l’artiste réunies autour des notions de travail, d’environnement et de tradition.
Le titre condense à la fois le vocabulaire esthétique et les préoccupations récurrentes dans les créations de Younès Rahmoun.
Habba désigne la graine en état de latence. Motif de prédilection chez l’artiste, elle apparaît dans ses dessins sur papier et dans l’animation vidéo Habba qui reproduit son périple dans la recherche du lieu idéal pour germer. Zaytūna est l’olive présente dans les derniers travaux de l’artiste. Ce rapprochement entre la graine et le fruit n’est pas sans rappeler la métaphore de l’écorce et du noyau transmise par la tradition. L’écorce symboliserait le littéral, le noyau le sens caché de la Révélation seulement accessible par le travail et l’effort personnels.
L’association des deux termes peut suggérer également « une graine d’olivier ». Un troisième niveau de sens est donc possible, ouvrant sur un rapport dialectique entre les deux éléments. La graine incarne l’origine tandis que l’olivier est la fin. Entre les deux, le cycle organique implique le déplacement, le voyage, la progression qui sous-tendent la démarche plastique et spirituelle de Younès Rahmoun.
En effet, l’artiste s’est rendu en 2014 sur l’île de Djerba pour réaliser une série d’œuvres autour de la triade terre – pierre – olive. La série comprend la vidéo d’un olivier qui vibre, trois plateaux en terre cuite, chacun marqué par un dessin (une maison, une pierre et une barque), la performance Hijra / Rif-Jerba-Rif matérialisée par la photographie et le dessin. Lors de cette performance, l’artiste prélève cinq pierres dans une plage du Rif marocain pour les déposer dans un champ d’olivier à Djerba où il récupère le même nombre de pierres transportées par la suite sur la plage du Rif.
Enfin, une installation de dix colonnes en terre cuite appelée Jāmūr qui renvoie aux 77 branches ou actes de foi tels que rapportés dans les hadiths. Chaque colonne est composée d’un nombre fini de pièces dont la forme évoque celle des poteries utilisées dans la pêche au poulpe. Elle se maintient verticalement par l’intermédiaire d’un câble électrique qui traverse les différentes pièces et véhicule la lumière vers le sol. Une fois encore, l’artiste transcende les dichotomies apparentes et crée une dynamique entre le haut et le bas qu’il joint par un ensemble de pièces disposées les unes après les autres, comme autant de haltes qui scandent le parcours original de Younès Rahmoun.
Une exposition en collaboration avec Galerie Imane Farès.