L’exposition Landscape s’attache à un sujet largement traité dans l’histoire de l’art, le paysage. Nous avons puisé dans les travaux des photographes de la galerie et sélectionné pour cet accrochage des oeuvres d’Ambroise Tézenas, Patrick Tourneboeuf et Edgar Martins.
Chacun d’eux a fréquenté un territoire, l’a appréhendé à travers son objectif et nous transmet sa propre représentation d’un paysage. Tous trois travaillent à la chambre, technique impliquant un rapport au temps particulier et cette problématique du temps est omniprésente dans les images présentées. Temps objectif de la prise de vue, traces d’une époque révolue ou références aux débuts de la photographie, ce item traverse toute l’exposition.
Dans une veine documentaire, la série Traces de Patrick Tourneboeuf réalisée à Kimberley, ancienne ville minière d’Afrique du Sud, propose des images difficiles à dater ou à situer à première vue. A la recherche des traces et cicatrices de cette prospérité perdue, il photographie les hommes à travers ce qu’ils laissent derrière eux, les espaces qu’ils investissent et parfois abandonnent, les stigmates dont le regard se détourne et les lieux si communs que la vue ignore.
La projection de Nulle Part et Blow-up présente deux ensembles très différents de ce même photographe, le premier est une série d’images réalisées sur le littoral français en hiver lorsque les touristes ont déserté les lieux, le second est un travail réalisé à partir d’agrandissement de détails de cartes postales anciennes de lieux de villégiatures. Blow-up, référence au film éponyme d’Antonioni, nous plonge dans une époque appartenant à la mémoire collective, on retrouve ici le travail sur la mémoire des lieux ancrée dans la pratique de Tourneboeuf.
Cependant l’approche plastique est très éloignée de ses autres séries, il ne fait pas ici oeuvre de photographe mais de plasticien en travaillant sur des images collectées au fil du temps, zoomant, découpant, recadrant, nous proposant ainsi des images dont la trame du papier, très présente, l’apparente aux images pixellisées contemporaines.
Edgar Martins, dans sa série When light casts no shadow, aborde le paysage sous l’angle de l’abstraction. Extrêmement composées graphiquement, ces images troublent notre perception et nous font basculer dans une dimension autre. Son approche de la prise de vue avec de très longs temps de pose et l’utilisation de la double exposition, lui permettent à l’instar d’un peintre, la lumière lui tenant lieu de pinceau, de composer un paysage mental détaché du sujet initial.
Boulevard du Temple, célèbre photographie de Daguerre, est le point de départ de la série d’Ambroise Tezenas sur Paris réalisée pour la mission France(s), territoire liquide. Sur cette photographie, un homme est seul au milieu d’une foule dont la plaque n’a pas gardé trace. Cherchant à photographier le temps qui passe, Tezenas nous propose des images très oniriques de Paris, qui bien qu’actuelles, semblent surgir du passé. La présence humaine s’efface, les ombres des passants trahissent leur influence éphémère sur un paysage façonné de longue date.