Jusqu’au 15 mai, l’espace culturel ICICLE de Paris accueille Dans les replis du temps, une exposition dédiée à l’artiste chinoise Shi Qi.
Installée en France depuis plus de vingt ans, l’artiste développe une œuvre singulière à la croisée de la peinture, de la sculpture et de la calligraphie. Son travail, ancré dans une gestuelle méditative, interroge la mémoire et la transformation à travers des compositions en trois dimensions faites de pliages et de collages sur papier.
Chaque œuvre de l’exposition présentée à l’espace culturel ICICLE de Paris témoigne d’un dialogue subtil entre tradition et abstraction. Le pli, élément central de sa démarche, devient un langage artistique à part entière, un espace de transition entre le visible et l’invisible. Inspirée par la tradition bouddhiste de la copie des sutras, Shi Qi inscrit son travail dans une exploration du temps et de la transmission.
Avec cette exposition, l’espace culturel ICICLE affirme sa mission : offrir un cadre propice à la réflexion et au dialogue entre les sensibilités artistiques de l’Orient et de l’Occident.
Fondée en 1997 à Shanghai, ICICLE est une marque de luxe responsable, associant savoir-faire artisanal et engagement écologique. Elle s’appuie sur une philosophie inspirée des valeurs chinoises de respect de la nature, de bienveillance et d’appréciation des ressources.
Mais au-delà de la mode, ICICLE déploie une ambition culturelle singulière à travers ses espaces culturels à Paris et Shanghai. Ces lieux hybrides, passerelles entre la Chine et la France, offrent un cadre privilégié pour l’échange culturel et la réflexion artistique. "Ces espaces incarnent une plateforme vivante où l’art, la littérature et la pensée se rencontrent pour nourrir un dialogue profond entre l’Orient et l’Occident", explique Myriam Kryger, commissaire générale des espaces culturels ICICLE.
En accueillant notamment des expositions, ils participent à la mise en lumière d’artistes dont l’histoire personnelle incarne cette double culture et dont le travail s’inscrit dans une recherche de dialogue entre traditions et contemporanéité.
En 2024, ICICLE a enclenché une véritable dynamique valorisant la création plastique en organisant huit expositions qui se sont tenues entre Paris et Shanghai, et la marque a participé à la foire d’art de Westbund à Shanghai, un moment important de positionnement dans le marché de l’art.
Notons cependant que l’association d’un espace culturel à une maison de mode n’est pas anodine. Le lien entre la mode et l’art contemporain ne cesse de s’intensifier, donnant naissance à des collaborations où ces deux univers peuvent s’enrichir mutuellement. Depuis plusieurs décennies, des maisons de couture comme Louis Vuitton, Dior ou Prada intègrent l’art au cœur de leur identité, que ce soit à travers des collections inspirées par des artistes, des expositions ou la création de fondations dédiées.
Parmi les exemples contemporains « voyants » nous pouvons penser à la collaboration entre Louis Vuitton et des artistes comme Yayoi Kusama ou Jeff Koons, dont les œuvres ont été transposées sur des accessoires et vêtements, brouillant la frontière entre art et mode.
Chez ICICLE, cette relation prend une forme plus subtile et contemplative. Plutôt que d’apposer des œuvres sur ses créations, la marque intègre une réflexion artistique dans sa philosophie même, en mettant en avant des artistes dont la sensibilité rejoint ses propres valeurs. Il s’agit d’une démarche profondément enracinée dans sa philosophie fondatrice : "Dès le départ, ICICLE s’est construite sur l’idée que le vêtement ne peut être dissocié de notre manière de vivre, de penser et de créer du lien", explique Sima Bibi, directrice du marketing international, "Nos boutiques doivent rester accueillantes et fonctionnelles pour celles et ceux qui recherchent des vêtements durables et de haute qualité. Mais avec les Espaces Culturels, nous avons voulu introduire une autre temporalité, plus propice à la contemplation et à la réflexion."
Ce parti pris se traduit par une programmation exigeante, qui privilégie les artistes en résonance avec les valeurs de la marque : respect du temps long, attention aux matières, goût pour l’épure et la simplicité. L’art devient ici un langage commun. Que ce soit à travers la peinture, la photographie ou les installations, les artistes que nous invitons abordent des questions qui traversent les frontières », complète Myriam Kryger, commissaire générale des espaces culturels ICICLE.
L’exposition Dans les replis du temps illustre cette approche. Shi Qi, à travers son travail minutieux sur le papier et le pli, propose une méditation sur le passage du temps et la transmission, des thématiques qui résonnent avec l’art du vêtement et qui trouvent un écho direct dans l’univers d’ICICLE.
En définitive, qu’il s’agisse de collaborations directes ou d’un dialogue plus implicite, la rencontre entre la mode et l’art contemporain reflète une volonté commune : explorer de nouvelles formes d’expression, interroger notre rapport au monde et offrir des expériences esthétiques qui dépassent le simple cadre du commerce.
Et avec l’exposition Dans les replis du temps, ICICLE confirme son engagement : proposer un dialogue entre les cultures, les disciplines et les sensibilités, dans un espace où l’art et la mode partagent une même quête de sens et d’harmonie.