Vénus, étoile du matin, patate douce, j’ai l’argent et tu as l’or.
(Jean-Michel Basquiat)
Basquiat voyait le monde différemment. Il avait une grande connaissance de l’histoire de l’art et de la culture visuelle et excellait dans sa manière de faire revivre le passé dans ses peintures. Son œuvre nous rappelle les liens communs et les résonances de la beauté et de l’identité à travers l’histoire de l’art. Sa peinture en dialogue avec cette ancienne sculpture de Vénus nous rappelle l’énergie attachante et la sophistication durables de son travail.
(Larry Gagosian)
Gagosian est heureux d’annoncer Venus, une exposition réunissant deux chefs-d’œuvre rarement vus et datant de millénaires différents : Untitled (1982), une importante peinture de début de carrière de la célèbre série Modena de Jean-Michel Basquiat, est présentée en dialogue avec une sculpture romaine impériale de la déesse Vénus prêtée par la Collection Torlonia, la plus grande collection d’art romain au monde. Il s’agit de la onzième exposition consacrée à Basquiat chez Gagosian, illustrant l’engagement continu de la galerie en faveur de l’héritage de l’artiste.
Soulignant le rôle de Vénus en tant que muse à travers les siècles, l’exposition est présentée à partir du 17 octobre à la galerie Gagosian au 9 rue de Castiglione, offrant à ces chefs-d’œuvre classiques et contemporains un cadre d’exposition rare : dans une galerie au centre de Paris.
Untitled est l’une des huit grandes peintures créées par Basquiat, à l’âge de vingt-et-un ans, à Modène, en Italie, durant l’été 1982. Réalisées pour répondre à l’invitation du collectionneur et marchand d’art Emilio Mazzoli en vue d’une exposition qui n’a jamais vu le jour, les œuvres n’ont été montrées ensemble qu’une fois réunies lors de l’exposition historique de l’été dernier à la Fondation Beyeler à Riehen/Bâle, plus de quatre décennies après leur création.
Les peintures qui composent la série Modena sont parmi les plus expressives et les plus vives de la carrière de Basquiat ; gorgées d’idées et de complexité, elles donnent collectivement la sensation d’un opéra en plusieurs actes. Avec des coups de pinceau abondants et coulants, des compositions principalement dominées par des figures individuelles, les toiles diffusent une intensité émotionnelle ardente, véhiculant une dynamique narrative racontée au travers des gestes passionnés des personnages principaux—l’ange, le diable, le prophète, l’avare, le fermier et Vénus. Untitled est la seule œuvre de la série avec une figure féminine, et alludant à la mythologie classique directement.
Avant son séjour à Modène, Basquiat avait séjourné à Rome avec Suzanne Mallouk, sa compagne de l’époque, qu’il avait l’habitude d’appeler « Vénus ». Les liens de l’artiste avec Mallouk comme compagne et muse donnent une signification personnelle à cette œuvre, au-delà de son engagement avec Vénus en tant qu’archétype.
Untitled allie la maîtrise des couleurs et la composition énergique chères à Basquiat, à des références à l’art du passé. Deux figures féminines émergent de passages de peinture appliquée vigoureusement en bleu-vert, jaune et noir, au milieu de marques et de chiffres énigmatiques. L’œuvre rappelle La naissance de Vénus de Sandro Botticelli (vers 1485), tandis que les traits du personnage, radicalement abstraits, jouent avec les innovations cubistes de Pablo Picasso dans Les demoiselles d’Avignon (1907), comme la nature morte de fruits qui les sépare.
L’exposition chez Gagosian à Paris associe le tableau de Basquiat à une remarquable statue de Vénus en marbre de la Rome impériale, prêtée par la Collection Torlonia, à Rome, et considérée comme la plus importante collection privée d’art romain au monde. À travers ses activités, la fondation a pour objectif de préserver et de valoriser cet héritage culturel pour les générations futures. Gagosian est fier d’adhérer à la mission de la Fondazione Torlonia en soutenant la conservation de cette sculpture, permettant ainsi qu’elle soit étudiée pour les siècles à venir. Tenant une robe qui se drape autour de ses hanches, l’élégante figure debout ressemble à la Vénus du Capitole—une représentation de la déesse dérivée de l’œuvre de Praxitèle, l’Athénien considéré comme le premier artiste à avoir sculpté un nu féminin grandeur nature.