À travers une œuvre expérimentale et conceptuelle, Agnieszka Kurant (1978, Łódź, Pologne) s’intéresse à des phénomènes contemporains tels que l’intelligence collective, non-humaine et artificielle ou l’économie du numérique. Invitée à investir le Henry J. and Erna D. Leir Pavilion, l’artiste présente Risk landscape. Réunissant de nouvelles productions et des œuvres récentes, l’exposition s’inspire des technologies cherchant à prédire et à spéculer sur de possibles futurs.

Risk landscapes’articule autour du concept de « futurité », entendu comme la capacité à se projeter dans l’avenir en tenant compte d’une situation présente. L’exposition reflète ainsi une conception contemporaine du futur comme un objet spéculatif. La prédiction du risque est en effet une inconnue mesurable, facteur de création de richesse. S’inspirant de technologies développées dans divers domaines (climatologie, finance, assurances, jeux d’argent), Agnieszka Kurant interroge la manière dont les prédictions produites par celles-ci peuvent influencer le futur. À l’inverse, elle met aussi en évidence l’impossibilité d’anticiper avec précision le devenir du vivant, du climat, de l’économie et de la société.

Certaines œuvres présentées résultent de processus imprévisibles tels que la construction des habitats de termites aux formes complexes et uniques, la réaction chimique de sels de métaux, la transformation de cristaux liquides et d’une matière programmable ou encore l’évolution de phénomènes sociaux irrationnels. D’autres sont conçues à partir de la collecte de données, l’intelligence artificielle, la simulation et la statistique – des stratégies utilisées par l’économie numérique et par des techniques de modélisation de catastrophes.

Risk landscape illustre une conception chère à l’artiste, qui voit l’avenir de la création et de l’intelligence comme le résultat « d’une multitude d’agents, une polyphonie impliquant des humains, des minéraux, des micro-organismes, des virus, des algorithmes ». Ses œuvres sont d’ailleurs souvent réalisées en étroite collaboration avec des scientifiques, des chercheur·euse·s et des spécialistes du numérique. Elles oscillent entre le biologique, le minéral et le digital, le naturel et l’artificiel, le réel et le virtuel, le vivant et le non-vivant. En créant ces objets hybrides, intrinsèquement instables, l’artiste ouvre ainsi la voie à des futurs et des récits alternatifs.

Agnieszka Kurant (1978, Łódź, Pologne) a présenté des expositions personnelles à la Kunsthal Gent (2023) à Gand, au Kunstverein Hannover (2023) à Hanovre, au Castello di Rivoli à Turin (2021) et au Sculpture Center à New York (2013). Ses œuvres ont également été présentées à la biennale de Sydney (2024), au Gropius Bau (2024) à Berlin, au Centre Pompidou à Paris (2023), au Louisiana Museum au Danemark (2023), au Museum of Modern Art à New York (2021), au SFMOMA (2021) à San Francisco, à la Kunsthalle Wien (2020) à Vienne, à la Whitechapel Art Gallery (2020) à Londres, à la biennale d'Istanbul (2019), à la Triennale Milano (2019) à Milan, au Palais de Tokyo à Paris (2014), à Witte de With (2011) à Rotterdam et à Performa Biennial à New York (2009). Agnieszka Kurant a reçu de nombreuses distinctions dont le prix LACMA A+T en 2020 et le Frontier Art Prize en 2019. Elle a été invitée à réaliser une commission pour le MIT List Visual Arts Center à Cambridge (2021-2022) et pour la façade du Solomon R. Guggenheim Museum à New York (2015). En 2010, elle a coreprésenté la Pologne à la biennale d’architecture de Venise (avec Aleksandra Wasilkowska). L’artiste a aussi suivi des résidences artistiques au Berggruen Institute à Los Angeles en 2020-2021, au MIT Center for Art, Science et Technology à Boston de 2017 à 2019 et bénéficié d’une bourse du Smithsonian Institute à Washington D.C. (2018). La monographie Collective Intelligence, coéditée par Stefanie Hessler et Jenny Jaskey, a été publiée en 2024 par Sternberg Press et MIT Press. Agnieszka Kurant vit et travaille à New York.