Artiste oublié de l’histoire de l’art et de la scène, le peintre Eugène Frey (Bruxelles 1864 - Courbevoie 1942) inventa en 1900 la technique des « Décors lumineux à transformations » - un système complexe de projections lumineuses combinant techniques picturale, photographique et cinématographique, qui permettait de conférer aux décors de scène de multiples variations de couleurs, de lumières et de formes mais aussi d’y intégrer des images en mouvement. Il développa ce procédé unique sur la scène de l’Opéra de Monte-Carlo, entre 1904 et 1938.
Dans la volonté de redécouvrir l’œuvre prolifique d’Eugène Frey, le NMNM a invité l’artiste João Maria Gusmão (Lisbonne 1979) à réinterpréter la technique des Décors lumineux.
Assimilant sa recherche à une enquête métaphysique sur le terrain des médias analogiques expérimentaux, détournant au passage le vocabulaire de pionniers du cinéma (tels Eadweard Muybridge) ou de physiciens et philosophes des sciences (James Clerk Maxwell, Ernst Mach), João Maria Gusmão a élaboré une installation scénographique composée de multiples projecteurs de diapositives modifiés. Synchronisées dans les différents espaces de la Villa Paloma, ces projections réactivent les différentes techniques d'animation utilisées par Frey, sous la forme d’un « micro-cinéma en lumière continue ».
Au fil de ce parcours pré-cinématographique, l’exposition confronte différents projets décoratifs d’Eugène Frey aux créations expérimentales de nombreux autres inventeurs, des premières années du XXe siècle jusqu’à nos jours, parmi lesquelles : les pièces d’ombres de Caran d’Ache; le théâtre mécanique de l’artisan-horloger Emmanuel Cottier ; le théâtre d’ombres de l’artiste Hans-Peter Feldmann et les performances de Lourdes Castro ; les films de silhouettes créés par Lotte Reiniger ou Michel Ocelot ; les expériences fantasmagoriques de Georges Méliès, Alexandre Alexeïeff et Claire Parker ou encore Jean Hugo ; les chorégraphies lumineuses de Loïe Fuller et les installations de Gusmão + Paiva.