La description par Bosch des plaisirs du monde est d’abord un appel adressé au spectateur pour qu’il restaure la capacité originelle de l’homme prélapsaire de pratiquer une vision spéculative, c’est-à-dire pour qu’il libère son esprit et puisse voir au-delà du monde illusoire et fantasmatique induit par le mal.
Pour commencer la nouvelle année avec quelques reflexions sur un monde idéal, la Galerie Chantal Crousel est heureuse de présenter Scènes dans une bulle de cristal — Seen in a crystal ball, une exposition qui invite le visiteur à explorer des œuvres offrant quelques suggestions pour transcender l’univers dont nous faisons partie.
Fluides ou trajectoires gelés dans du verre, ces turbulences contribuent à un présent, un futur qu’elles propulsent. Le parcours d’une goutte d’eau, les phénomènes métaphysiques, le tangible ou encore le passage par la chambre noire et la cristallisation capturent un éternel présent.
Le visiteur est confronté à de nouvelles dimensions, à un environnement qui annonce les passages des ouragans (Haegue Yang), à une expérience sonore contemplative (Tomoko Sauvage), à une distillerie d’eau de rose (Rirkrit Tiravanija) et à des globes transcendants (Melik Ohanian). Les univers mis en scène par ces artistes sont à la fois parallèles et convergents.
Les œuvres de Abraham Cruzvillegas, David Douard et Liliane Lijn nous encouragent à dépasser le familier et à nous refléter dans le réel pour mieux l’explorer. José María Sicilia, Anri Sala, Jean-Luc Moulène et Willem de Rooij transgressent les limites physiques de la matière et leur confèrent des existences nouvelles.
Pour Bouquet XVII, Willem de Rooij prolonge la complexité conceptuelle de sa série de Bouquets en invitant Chantal Crousel à instruire elle-même le fleuriste, Fransinno Cazorla-Rojas, sur la base d’une interprétation des détails végétaux de la peinture Le jardin des délices par Jérôme Bosch, source d’inspiration pour l’exposition.
L’illusion contribue à libérer l’esprit. Les sculptures de Mona Hatoum et de Hassan Khan évoquent une cristallisation de l’instant, parfait et vulnérable. Comme décrit dans Le manifeste cristalliste signé par l’artiste soudanaise Kamala Ibrahim Ishag, la perception du temps et de l’espace se doit de rester infinie.
Il n’y a pas d’expérience ordinaire. De même dans les instantanés des photos énigmatiques de Hassan Khan, Gabriel Orozco et Wolfgang Tillmans.
Cette exposition se concentre sur une représentation intérieure et extérieure du monde. Elle fait écho au voyage infernal de l’humanité, tel qu’évoqué dans Le jardin des délices de Jérôme Bosch.
L'installation de Tomoko Sauvage, In Curved Water, sera activée les mercredis, vendredis et samedis uniquement.