Parallèlement à l’exposition de Thomas Houseago, et à l’occasion de nouvelles donations majeures, le nouvel accrochage des collections du Musée d’Art moderne explore le thème de la narration envisagée comme une expression plastique plutôt que littéraire. Tel un récit révélé à travers l’histoire et le temps, Rumeurs & Légendes présente un art confronté à son actualité politique, sociale et esthétique tout en restant perméable aux aléas de l’histoire personnelle.
Le parcours se décline en deux grandes parties. L’une rouvre une fenêtre sur les décennies précédentes de l’art en France et au-delà, tandis que l’autre résonne des échos du présent à une échelle internationale.
En première partie, quatre séquences invitent à redécouvrir, à travers le choix de plusieurs grands ensembles des artistes ayant joué un rôle majeur ou singulier dans les mouvements esthétiques des années soixante et soixante-dix. Des expositions des Mythologies quotidiennes 1 et 2 (1964 et 1977) à l’émergence des mythologies individuelles (1972-2000), la plupart de ces artistes furent défendus et montrés dans ces mêmes lieux du Musée d’Art moderne tout au long de ces quarante dernières années. Par l’importance de leur oeuvre et la place qu’ils tiennent dans l’histoire, les artistes de la Figuration Narrative sont au centre de cette nouvelle présentation qui se fait elle-même autour de Une passion dans le désert, un cycle de 13 tableaux peints en 1964 par Gilles Aillaud, Antonio Recalcati et Edouardo Arroyo et qui fut l’oeuvre inaugurale du mouvement.
De part et d’autres sont présentées un ensemble de sculptures, de dessins et de documents d’Etienne-Martin, dont la collection s’est enrichie à l’occasion d’une importante donation, et de tableaux, de gravures et de photographies du peintre-écrivain Bernard Dufour et de son oeuvre manifeste hommage à Holger Meins où sont représentés de manière crue la coexistence de l’histoire politique et intime. Plus loin le musée rend hommage à l’oeuvre d’Annette Messager et à celle de Christian Boltanski qui sont l’un et l’autre des artistes défendus de longue date par le musée. Tous ces artistes sont aujourd’hui constitutifs de l’identité du musée.
La seconde partie du parcours rassemble une nouvelle génération d’artistes, dont la plupart des oeuvres sont exposées pour la première fois dans les espaces des collections. Elles témoignent du soutien actif du musée pour la création contemporaine internationale qui décrypte notre monde en mouvement. Internet et les réseaux sociaux ont bousculé les récits d’information et la circulation des images. Ils ont généré un dangereux changement d’échelle en donnant au monde amical ou intime une dimension planétaire. Terreaux d’histoires sérielles et multiples, ils régissent de nouveaux modes de narration, jouant un rôle d’accélérateurs des légendes à venir. Nombreux sont les artistes qui réagissent à ces turbulences, se frayant une voie singulière entre l’individuel et le collectif, entre le digital et l’organique, pour mieux interroger notre perception du réel. Une part importante de ces oeuvres sont entrées dans les collections par donation et la plupart d’entre elles grâce à la générosité de la très active société des Amis du musée.
Les deux parties de cet accrochage historique et contemporain sont constituées d’oeuvres qui, malgré leurs différences formelles ou techniques, ont en commun de chercher à figurer la relation de l’individu dans son environnement, qu’il soit personnel ou collectif.