VNH Gallery est heureuse d’annoncer l’exposition personnelle d’Edith Dekyndt intitulée « The Lariat » (du 29 janvier au 23 février 2019).
Inspirée par les mouvements spirituels et philosophiques qui émergent au 19ème siècle aux États-Unis tels que le transcendantalisme et les philosophies d’Emerson ou Thoreau qui placent la notion de nature, ou plus précisément de wilderness, au centre de leurs interrogations, Edith Dekyndt a choisi de faire de la pensée naturaliste le thème principal d’une exposition. D’abord lieu de communion avec l’esprit pour Emerson, inspiré par le romantisme allemand ou encore les écrits d’Alexander von Humboldt, puis indissociable de la culture et de la société pour Thoreau, un rapport bien plus ambigu finit par se mettre en place : l’idée d’une nature superbe et grandiose qu’il faut protéger et préserver mais dont il faut également se faire maître et possesseur dans la logique contemporaine de la moitié du 19ème siècle de la conquête des territoires. C’est en effet sur la côte est des États-Unis qu’ont émergé les premières notions de préservation de la nature face à l’industrialisation du monde.
« The Lariat » est issu à la fois de ces influences théoriques et d’un séjour de l’artiste au Texas pour tenter de saisir cette notion de wilderness et ainsi répondre à la question suivante : cet idéal fait-il encore sens en ce début de 21ème siècle? Elle réalise ainsi une approche quasi anthropologique en visitant ce haut lieu du rapport paradoxal de l’homme blanc à la nature avec ses vastes étendues de paysages naturels, dont certaines sont encore relativement vierges mais toujours très prometteuses en matière d’exploitation pétrolière, ainsi que la proximité avec les animaux, élevés pour le rodéo ou la consommation mais avec lesquels les cowboys entretiennent un rapport quasi amoureux. C’est d’ailleurs tout particulièrement ce personnage du cowboy, rendu mythique par le cinéma, qui a fait du western une apologie du territoire inexploré et de l’éternelle conquête de terres et d’êtres vivants qui est au centre du projet présenté dans la grande salle de la galerie.
Par ailleurs, la nature, ou plus précisément la nature des choses, a toujours été au cœur du travail d’Edith Dekyndt qui décide ici de reconstruire certaines pièces de « Laboratory 02 » (1996), une installation significative du travail de l’artiste, qu’elle met en résonance avec la pièce « The Lariat ». Si le lien entre ces deux installations existe par le choix des éléments, par le biais de leur lien à la terre par exemple, certains en étant issus et d’autres y ayant été enterrés, Edith Dekyndt articule un corpus d’œuvres nous confrontant à l’inéluctable transformation du vivant. S’intéressant au périssable et aux états de transition tout en s’attachant à respecter la spontanéité inhérente aux phénomènes naturels, l’artiste a finalisé ces objets en s’imprégnant du contexte temporel et spatial dans lequel se tient l’exposition. Bien que chaque pièce soit ouverte à de multiples interprétations, le fait de les recréer plus de vingt ans plus tard leur donne une signification nouvelle étant donné le changement du paradigme dans lequel nous vivons. « Laboratory 02 » tient du vivant tel qu’il s’incarne dans l’espace domestique, celui de la cuisine, celui du linge, celui des corps. Le végétal et l’animal, ce qui couvre nos corps et y pénètre. La facture essentielle, frugale et nue des pièces renvoie en dépit de leur familiarité à une essence spirituelle des choses, à leur appartenance à cet ensemble de la vie dont nous ne connaîtrons jamais l’essence mais déplorons la fin.