La modernité, c’est le transitoire, le fugitif, le contingent, la moitié de l’art, dont l’autre moitié est l’éternel et l’immuable.
(Charles Baudelaire, Le peintre de la vie moderne, 1863)
Genève – La galerie Artvera’s est heureuse de présenter sa nouvelle exposition « L'Air du Temps, l'art de la modernité 1900-1930 » qui invite à porter le regard sur les trente années phares où la mode, les costumes et les codes d'autrefois ont subi des transformations radicales. Une trentaine de chefs-d’œuvre signés Aronson, Aizenberg, Delaunay, Korovin, Magnelli, Marval, Picasso, Van Dongen, Ryback, Tappert et Vlaminck seront proposés au public du 27 avril au 28 juillet 2018.
Nombreux sont les artistes, intellectuels et écrivains qui ont réfléchi et approfondi la question de la mode d’un point de vue historique, sociologique et pictural. L’émergence de la société industrielle et la consommation de masse de vêtements résultent de changements démographiques et sociétaux en ce début du XXème siècle. La femme prend le soin de paraître, elle est la vitrine de la réussite sociale du couple et son rôle est de consommer.
C’est ainsi que la petite bourgeoisie et le peuple s’approvisionnent dans les grands magasins de vêtements qui se construisent dans les villes. La revue féminine encourage aussi l’achat. La population la plus aisée s’habille sur mesure chez les couturiers et tailleurs, donnant alors naissance à la haute couture.
L’importance de l’apparat d’extérieur pousse les consommateurs à suivre les dernières tendances. Les événements mondains sont la plus grande vitrine pour ces femmes disposées à montrer leurs robes de jour, leurs robes du soir et leurs tenues pour l’opéra. Pour se distinguer, les femmes de la haute société adoptent sans cesse de nouvelles modes et créent de nouvelles tendances, tout en sublimant leurs corps dans un univers de codes et de convenances.
La mode s'inscrit donc dans l'air du temps et participe à la modernité. L'art de la parure fascine les artistes et écrivains, dont Baudelaire. En effet, ce dernier encourage les peintres et les poètes à regarder de plus près l'esthétique et l'habillement de leur époque. La représentation des toilettes contemporaines par les peintres est une marque de modernité.
Nous devons peindre la vie de notre époque et la bien peindre.
(Jacqueline Marval, Figaro, 21 janvier 1927)
En examinant attentivement les scènes représentant les activités extérieures et intérieures, de l'aristocratie et les scènes ouvrières de la peinture des XIXe et XXe siècles, nous plongeons dans ce qui était considéré comme « moderne » à l’époque. Ces scènes attestent des codes, des coutumes et des costumes d’autrefois.
Les peintres observent et dépeignent ces variations. Comme un miroir historique, les peintures démontrent les transformations de l'habillement qui sont dictées par les besoins spécifiques de la vie quotidienne. Réceptions, fêtes, sports, loisirs et professions exigent une tenue spécifique. La mode ne suit pas seulement les besoins sociaux, mais participe activement à la réunion des masses et à la distinction entre les élites et la petite bourgeoisie, entre les femmes et les hommes, ainsi qu’entre les indécents et les honnêtes gens.