VNH Gallery est heureuse d’annoncer l’exposition personnelle de l’artiste Giulia Andreani intitulée « Intermezzo » (17 mars - 28 avril 2018) au sein de son project space.
Le travail de Giulia Andreani est depuis toujours intimement lié à l’Histoire mais ne s’est jamais contenté d’agir comme une simple réitération ou support imagé du passé. Alors qu’elle grandit entourée de portraits d’inconnus accrochés aux murs par son père, elle développe cet intérêt pour les témoignages écrits et visuels du passé qu’elle recherche, étudie et réinvente dans sa pratique artistique.
Ainsi, ses toiles et œuvres sur papier se transforment en témoins sensibles d’une époque ou d’un moment par le biais de portraits ou de scènes baignés dans ces dégradés monochromatiques bleutés qui, à l’acrylique ou à l’aquarelle, sont caractéristiques du travail de l’artiste.
S’intéressant au particulier pour atteindre des considérations universelles, Giulia navigue et articule des références antiques, modernes ou contemporaines. Dans l’exposition « Intermezzo », elle livre une série d’œuvres réalisée entre deux réalités différentes vécues lors de deux périodes de résidence, l’une dans un Centre Maternel et l’autre à la Villa Medicis, où les questions relatives à la maternité et à la notion d’archive sont abordées sans détours. Ici se côtoient par exemple deux portraits, celui de l’écrivaine française Virginie Despentes dont l’œuvre littéraire et cinématographique évoque parfois le féminisme malthusien – qui décrit la maternité comme une « fonction sociale » à laquelle les femmes seraient assujetties – et un autre de la reine-pharaon Hatchepsout condamnée à l’oubli par damnatio memoriae. Ces deux portraits de femmes marquent les deux extrémités temporelles de l’exposition et arborent malicieusement les dimensions exactes de la vierge d’Antonello da Messina, symbole absolu de la complétion par la maternité dont elles sont si éloignées.
En peignant les visages enfantins de Rainer Werner Fassbinder, Pier Paolo Pasolini – figures tutélaires du cinéma du XXème siècle entretenant une relation profonde avec leurs mères, qui apparaissent fréquemment dans leurs films – ou encore Frida Khalo – peintre et figure féministe – Giulia pose la question de l’enfance et rapproche leurs visages de ceux d’anonymes qu’elle a pu rencontrer récemment lors de sa résidence dans un Centre Maternel. Alors que l’artiste souhaitait s’intéresser à l’histoire de ces jeunes femmes isolées, enceintes ou avec un enfant de moins de trois ans, elle s’est heurtée à une pesanteur administrative qui l’en a empêchée. Comment ces histoires qui s’écrivent encore peuvent-elles se révéler moins accessibles que d’autres archives ayant traversé les siècles ; celles-là même que Giulia creuse habituellement dans son travail. Poussée à limiter son intervention artistique à des workshops très simples comme la fabrication de mandalas ou de masques en papier, Giulia rend ici hommage à ces jeunes femmes accueillies dans des structures dont l’objectif est de les « transformer » en « bonnes mères », responsables et adultes, en délaissant parfois leur épanouissement personnel.
Ainsi, la série d’aquarelles « LLAMVSS » (2018) est réalisée à partir de photos prises par l’artiste dans le but initial de travailler sur la question de l’autoportrait avec les pensionnaires. Ces visages en partie oblitérés par les lignes du formulaire de confidentialité très strict, donné à Giulia lors de son arrivée dans l’établissement, symbolisent cette distance infranchissable. Réalisée au sein même du Centre Maternel, la peinture intitulée « Guérillères » (2017) met en scène des femmes en uniforme marchant de façon déterminée. Cette vision, en dissonance avec le contexte, s’est construite sous les yeux des jeunes mères à qui ces héroïnes d’acrylique, tels des doppelgänger, proposent une réflexion sur leur futur, une éventuelle alternative.