Marquée par ses origines cosmopolites, entre l’Europe et l’Asie, et par l’attention qu’elle porte à la dimension sonore du monde, la pratique de Su-Mei Tse est traversée par des questions telles que le temps, le souvenir, la musicalité, ou encore le langage. Empruntant des formes variées – sculptures, vidéos, photographies, installations –, ses œuvres opèrent chaque fois des passages entre différents champs : entre le son et l’image, la nature et la culture, l’espace mental et l’expérience sensible par exemple.
À la manière de l’encre noire qui s’écoule de sa fontaine Many Spoken Words, la question de l’apparition du sens, ou de son évanescence, se retrouve au coeur du travail de Su-Mei Tse. La simplicité des formes que l'artiste produit contraste avec leur pouvoir d’évocation, avec la pluralité des lectures qui en émanent. Ses œuvres semblent souvent cristalliser, sous les traits d’une « image », une impression, une émotion ou un souvenir – ces expériences à la fois intenses et fugaces qui constituent, pour reprendre le titre de l’une de ses oeuvres, les « vertiges de la vie ». Dans un même mouvement, elles explorent la capacité des images, des objets et des sons à déclencher, chez le spectateur, un imaginaire.
Fruit de plusieurs années de recherche dans différents contextes géographiques, à commencer par l’Italie et l’Asie, cette exposition rassemble un large corpus d’oeuvres récentes et de nouvelles productions, dont une installation d’envergure pour le Grand Hall du musée. S’esquissent dans cet ensemble de nouvelles directions au sein du travail de Su-Mei Tse, comme la contemplation, notre relation au végétal et au minéral, la multiplicité des modes d’existence, ou encore la possibilité d’une relation sensible au passé.
Abordant ces préoccupations comme autant de lignes tressées, l’exposition a été pensée sur le modèle d’un carnet de notes : une forme qui rassemble des impressions survenues dans le quotidien – qu’elles soient visuelles, sonores, ou mémorielles – et les mêle de manière subjective et intuitive, laissant s’y déployer tout un réseau d’échos et de correspondances.