La Galerie Mitterrand est heureuse d’annoncer la représentation de l’Estate de l’artiste argentin León Ferrari et de présenter sa première exposition personnelle en France. Peu connu en Europe, Ferrari est pourtant considéré comme l’un des artistes les plus influents de sa génération en Amérique Latine. Lauréat du Lion d’Or à la Biennale de Venise en 2007, il bénéficie actuellement d’une grande exposition itinérante aux Etats-Unis qui se tient jusqu’au 30 décembre 2017 au centre d’art REDCAT de Los Angeles et qui sera présentée au Pérez Art Museum Miami à partir de février 2018.
León Ferrari (1920-2013) est né à Buenos Aires en Argentine. Formé au départ à l’ingénierie électrique, ce n’est que par hasard qu’il se tourne vers une carrière artistique dans les années 50 en Italie. Alors que Ferrari y est installé pour tester les meilleurs traitements pour sa fille atteinte de la tuberculose, il tombe amoureux de l’argile et commence à créer de grandes sculptures en céramique. C’est en Italie qu’il bénéficie de ses premières expositions : à Rome mais aussi à Milan où il sera notamment invité par Lucio Fontana à participer à la Triennale X en 1954. De retour à Buenos Aires en 1955, il diversifie sa pratique de la sculpture et crée de nouvelles œuvres en ciment, en plâtre et en bois puis, dès le début des années 60, en fil de fer. Ce n’est qu’en 1962 que Ferrari crée ses premières œuvres sur papier. Dès 1963, les mots et la calligraphie font leur entrée dans son répertoire de « matériaux » comme dans Cuadros escritos (Tableaux écrits) et Dibujos escritos (Dessins écrits). Il dira de ces œuvres « Je dessine à la main des mots silencieux, qui racontent des choses, avec des lignes qui ressemblent à des voix. Et j’écris des dessins qui relatent des souvenirs que les mots ne peuvent décrire » (Lettre à Christina Harrison, 1996). Ses œuvres de la fin des années 50 à la fin des années 60 font écho à plusieurs tendances esthétiques de l’époque telles que le lettrisme, le situationnisme, Fluxus, ou encore les nouveaux réalistes et le Pop Art. Néanmoins, s’il capte les recherches de ses contemporains il les utilise librement sans jamais revendiquer d’appartenance à aucun mouvement. En 1976, Ferrari fuit la dictature de son pays et s’exile pendant 15 années au Brésil. Il s’ouvre alors à de nouvelles pratiques artistiques telles que l’art postal, la photocopie, la lithographie ou encore le livre d’artiste permettant un accès démocratisé à l’art.
Aujourd’hui León Ferrari est un artiste conceptuel internationalement reconnu pour son œuvre protéiforme (peintures, collages, sculptures, poésie, etc.) et ses prises de position contestataires voire provocatrices. Habitué des scandales, son assemblage emblématique La Civilisation Occidentale et Chrétienne (1965), représentant un Christ crucifié sur les ailes d’un bombardier américain au Vietnam, avait déjà à l’époque été censuré. Ferrari luttera toute sa vie contre les dictatures, le fascisme, les inégalités sociales, les discriminations, la complicité de l’Eglise et témoignera à travers son œuvre de l’hypocrisie et du cynisme de notre civilisation. Plus récemment, c’est le Pape François – à l’époque archevêque de Buenos Aires – qui avait protesté contre une rétrospective de León Ferrari jugée « blasphématoire » au Centre Culturel de la Recoleta en 2004.
L’exposition à la Galerie Mitterrand, réalisée sous le commissariat de Gustavo Urruty, présente une vingtaine d’œuvres de León Ferrari et offre un panorama sur ses divers axes de recherche et de production artistique. Une sélection de dessins abstraits de la fin des années 70 à 2010 côtoie une de ses mythiques tours en métal et un ensemble « d’objets » typiques de sa production humoristique et caustique, notamment une version réduite de l’œuvre La Civilisation Occidentale et Chrétienne de 1965. Cette exposition est l’occasion de faire découvrir au public français la diversité et la richesse de son travail. Elle est réalisée en collaboration avec la Fondation Augusto et León Ferrari.
León Ferrari a été largement exposé dans le monde entier notamment au MoMA à New York (2014 et 2009), MALBA à Buenos Aires (2012), aux Rencontres d’Arles (2010), au Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía à Madrid (2009 et 2000), à la documenta de Kassel (2007) ou encore à la Biennale de Venise (2007), où il a obtenu le Lion d’or. Ses œuvres font partie des plus prestigieuses collections d’art contemporain comme le MoMA à New York, le Museo Reina Sofia à Madrid, le Musée National d’art contemporain – Centre Pompidou à Paris, le Museo de Arte Contemporaneo de Buenos Aires, le Museo de Arte Moderno à Mexico, le Museum of Fine Arts à Houston, le Museo de Arte de São Paulo, le Museo de Arte Moderno de Rio de Janeiro, la Collection Daros Latinamerica à Zurich, la Collection Cisneros Collection…