Tire cette fibre : elle se déroule en une ligne extraordinaire avec laquelle il est possible d'écrire, en deux ou trois dimensions. Cette idée d'une ligne dans l'espace a habité mon imagination et m'entraîne depuis longtemps.
(Sheila Hicks)
C’est en explorant longuement l’espace du hall d’entrée du musée que Sheila Hicks a commencé à élaborer son projet. Attirée d’abord par le néon de Lucio Fontana, conçu en 1951 et qui domine aujourd’hui l’accueil du musée, elle relie la ligne décrite par le tube lumineux à sa propre recherche : « La base de mon travail, ce sont les lignes qui forment des sculptures dans l’espace.» Tandis que la ligne de Fontana décrit la trajectoire des planètes, Sheila Hicks, elle, y ajoute des satellites et les inscrit au mur telle une constellation interplanétaire. Selon l’artiste, le langage des fils est universel et constitue un lien entre les êtres. C’est pourquoi elle étudie, pour la réalisation de ses projets, non seulement les spécificités du lieu, mais aussi les caractéristiques de son public qui devient son principal complice. Elle aime créer de nouvelles couleurs qu’on trouve rarement dans la nature, grâce à un travail subtil sur leur perception et à partir d’associations de teintes, de textures et de matières inattendues.
Née en 1934 à Hastings, Nebraska, Sheila Hicks vit et travaille à Paris depuis 1964. Après avoir pratiqué la peinture, elle élargit son champ de création par l’utilisation de matières souples, en s’inspirant de l’art ancestral du textile. Enveloppées, tissées, brodées, nouées ou torsadées, ses oeuvres, constituées de fibres naturelles et issues de recherches industrielles, oscillent entre dimension sculpturale, picturale et spatiale. Depuis 1956, elle s’intéresse au tissage des civilisations précolombiennes et applique leur structure très complexe à son propre langage artistique. Chaque création représente pour elle une expérience nouvelle et intense de la couleur, formant ainsi des associations infiniment poétiques.