La galerie anne barrault est heureuse de présenter une nouvelle exposition personnelle de Stéphanie Saadé, jeune artiste issue de la scène contemporaine libanaise.
Le travail de Stéphanie Saadé est une énigme poétique, à la fois conceptuelle, sensible et métaphorique. Avec un langage de la suggestion, elle explore des objets ordinaires, et touche aux souvenirs individuels et communs qui nous constituent.
Stéphanie Saadé use de manipulations simples en donnant une réalité autre aux objets porteurs de valeurs romanesques et sentimentales. L’oeuvre «Evasion» en est le parfait exemple : l’emballage usagé d’un chocolat porte l’inscription « évasion » suivi d’un numéro de téléphone… La mémoire, le souvenir, la nostalgie sont des mots clés dans l’oeuvre de Stéphanie Saadé.
Quelque part dans le sol de la galerie, est incrusté un diamant âgé de plus d’un milliard d’années. Stéphanie Saadé met ici en contraste cet objet de grande valeur et la surface du sol, naturellement foulée par nos pieds et jonchée de poussière. Cette oeuvre raconte l’inattention portée aux choses précieuses qui nous entourent, aux plus petites choses.
Le temps est un élément essentiel dans la pratique de Stéphanie Saadé. Ainsi l’oeuvre organique « Contemplating an old memory » est réalisée à partir d’une lentille mise à germer le jour du vernissage, et posée à côté de son moulage réalisé en or.
Stéphanie Saadé évoque cette oeuvre : «une distance se crée entre les deux graines : au fur et à mesure que la lentille germe et pousse, elle s’éloigne, prend de la distance avec le moulage en or, matrice de ce qu’elle était à l’origine. La graine germe verticalement, vers le haut, le ciel (rappelant des contes et histoires tels que Jacques et le haricot magique, où la graine établit un lien entre terre et ciel), et à mesure qu’elle germe s’éloigne également horizontalement de l’autre graine, comme sur une frise historique...Tout au long de sa croissance, elle a la possibilité de contempler le passé figé dans l’or. »
« Malléable, ductile, le temps se laisse malaxer comme une pierre amadouée malgré sa rigidité intrinsèque. Il revient quand on l’appelle, se couvre d’argent ou d’or pour disparaître ou s’allonger. Son passage, et le vieillissement de l’exposition, sont mesurés par la tige d’une pousse de lentille qui s’étire et regarde désormais de haut son habitat passé qui lui semble petit, comme elle l’était. Le temps engendre la distance. Élastique, il sépare l’artiste de son exposition et engendre la nostalgie apparaît sous la forme d’un nombre qui demeure rarement le même. »
À l’image de l’oeuvre « Identity in change », une photographie d’identité de l’artiste recouverte de feuille d’argent qui est exposée comme un miroir que le temps va transformer, oxyder, détériorer. Enfin, la dimension performative de l’oeuvre de Stéphanie Saadé prendra forme le jour du vernissage où elle invitera trente-quatre personnes qui viendront d’avoir trente-cinq ans, pour célébrer ensemble «d’inattendues retrouvailles.»
Voici la petite annonce que l’artiste diffusera dans la presse : «Stéphanie Saadé recherche des personnes nées le 11 janvier 1983 pour sa prochaine exposition « Retrouvailles avec des Amis Inconnus à la galerie anne barrault. Si vous êtes né(e) à cette date, merci de contacter la galerie par téléphone.»