The Yokohama project est d’abord une histoire de famille, celle de Giada Ripa et de son aïeule Mathilde Ruinart de Brimont. Le point de départ est un album photo, composé de photographies anciennes datant de plus de 150 ans, retrouvé par l’artiste Giada Ripa dans sa maison du Piémont en Italie. Vues, notes historiques et types autochtones du Japon, 1868, composé de 53 impressions colorées à la main, représente des portraits et des vues de la ville de Yokohama (Japon) et de ses alentours. Son auteur est Felice Beato, « narrateur visuel » de la société japonaise dans les années 1860. Il est alors originaire de Venise et décide de s’établir au Japon au moment où furent de nouveau accueillis les visiteurs occidentaux alors que le Shogun (grand général pacificateur des barbares) avait jusque là interdit l’accès aux étrangers hors missions diplomatiques.
Pendant 50 ans, jusqu’au début du 20ème siècle, les photographies de Felice Beato vont alors constituer en Occident - une des principales sources d’imagerie collective de la société asiatique, utilisées alors comme illustrations dans de nombreuses publications, carnets de voyage ou journaux. En parallèle, Mathilde Ruinart de Brimont, artiste amie de Felice Beato et muse de plusieurs intellectuels, partit pour l’orient en 1867 avec son mari diplomate. Elle fournit une description riche et vivante au travers de deux manuscrits : « Carnet de voyage » et « Voyage au Japon ».
Forte de ses premières pistes d’exploration, Giada Ripa décide de suivre les traces de son ancêtre et de Felice Beato et s’envole au Japon avec l’envie de saisir le pays à travers son objectif, 150 ans plus tard.
De ce voyage est née l’exposition « The Yokohama Project 1867 - 2017 », structurée en deux chapitres qui croisent son travail contemporain de photographe à une double approche d’archive et d’anthropologie. Elle cherche à travers son regard d’artiste occidentale à établir un lien entre les images de Felice Beato des années 1860 et la figure de son aïeule. Avec leurs tentatives respectives, elle identifie les analogies locales et contemporaines et amène à la réflexion sur les transformations de la société et du paysage à Yokohama et de ses alentours. Par un aller-retour constant entre le passé et le présent, Giada Ripa croise, recoupe et rassemble les représentations occidentales du Japon d’hier qui peuvent encore exister aujourd’hui.