Fernando Costa est né le 29 décembre 1970 en Dordogne à Sarlat. Sixième d'une famille de sept enfants, issu de l'immigration portugaise et de milieu modeste, le futur artiste prend racine dans les souvenirs simples d'une enfance nourrie de valeurs, d'amour, de rêves et d'imagination au quotidien. Au terme d'un parcours exemplaire dans l’hôtellerie qui l’amènera à bord du prestigieux paquebot «Queen Elizabeth II», sa passion pour l'art, et pour l’illustre César, prend le dessus. En 1998, après 15 ans de service, il troque son uniforme pour le bleu de travail d’un plasticien soudeur.
Autodidacte, Costa taille en pièces la signalisation routière. Un art brut aux finitions polies, qui laisse une large place à la spontanéité dans l’expression de sa créativité. Le parti pris contre le gaspillage est déterminé par le choix d’une matière première récupérée parmi les rebuts de l’Etat. Pour cela, une autorisation de la DDE (direction départementale de l’Equipement) a été nécessaire.
Au-delà de l’utilisation optimale de l’espace de la tôle, Costa ne se contente pas d'assembler des pièces de métal dont les couleurs formeraient le puzzle aléatoire de son imagination. Après la pulvérisation du code de conduite, de ses limitations de vitesse et de ses impasses, Costa recrée du sens avec un talent inné pour l’esthétisme et l’équilibre des formes et des couleurs.
Sa palette se décline en fonction de la durée de l'exposition des panneaux aux aléas climatiques. Des reflets uniques dont les couleurs ne figurent pas sur catalogue. Découpés puis ressoudés, les panneaux émaillés qui furent plantés sur les routes des années 1950 à 1980 s'inventent, dans un nouveau cadre, une seconde vie. Chez Costa, l'interprétation reste libre, il n'y a pas de sens unique. Dans ces tableaux soudés chacun reconnait son univers familier.
Costa arrange la réalité à sa manière. Sa matière première, les panneaux de signalisation routière, il la brise, il la cisaille, il la découpe, il la pulvérise en éclats métalliques. De cette lacération, manuelle et éprouvante sur le plan physique, il tire des figures géométriques, des bandes de couleurs, des lettres, des chiffres, des croix, des flèches, des silhouettes et toutes sortes de symboles qui bordent nos routes et nos chemins.
Provision faite de ces plaquettes anguleuses, colorées, aléatoires ou chargées de signes, la phase d’exploitation du matériau, ainsi retraité, peut commencer. A la séquence spectaculaire et musculaire du découpage fait suite la séquence cérébrale et du remontage, de l’imaginaire, de la création : bref, la séquence artistique.
Costa travaille, par recyclage, le métal coloré qui constitue la substance de son génie créateur. L’œuvre de Costa est assemblage de couleurs qu’il met en harmonie ou en opposition, en contraste ou en écho, en mosaïque ou en figures, mais aussi en mouvement. Tout son art du recyclage des fragments de panneaux de signalisation est instinctif. La combinaison des couleurs crée l’émotion, le charme, l’attirance d’un tableau abstrait.