À l’heure du centenaire de la mort d’Auguste Rodin, le musée affirme plus que jamais sa programmation en lien avec les artistes contemporains et donne carte blanche à Anselm Kiefer. Investissant la salle d’exposition, l’exposition témoignera de la rencontre singulière de ces deux géants, pétris de liberté et affranchis de toutes contingences artistiques.
Les similitudes de parcours, de sources d’inspiration et de procédés créatifs de Kiefer et de Rodin mettent en évidence une originalité instinctive. Attirés par l’accident, disponibles au hasard, ils exploitent tous les domaines, manipulent toutes les matières, empruntent les chemins de traverses et s’autorisent autant d’agencements et d’audacieuses mutations. Attiré par les débris et abattis directement issus du ciment rodinien qu’il mêle aux reliques de sa propre vie et à d’autres matériaux inattendus, Anselm Kiefer réalise une série de vitrines totalement inédites. L’artiste ingurgite alors, assimile et digère pour engendrer ici des formes nouvelles. Sous le verre, Kiefer guette l’étincelle de ses métamorphoses.
De la même manière, les moules des oeuvres de Rodin exhumés, fatigués et salis, verrouillés, brisés ou éventrés, témoignent d’une vie passée et d’une autre à venir. La forme y est prisonnière, préservée, prête à éclore, presque palpable, traversée, forcée et perpétuellement réinventée par le regardeur. En écho à cette présentation, le parcours du musée sera modifié afin d’exposer pour la première fois des plâtres de Rodin totalement méconnus, témoins des préoccupations communes aux deux artistes et des mêmes combats esthétiques. Si Kiefer et Rodin jouent de tous les supports, usent de toutes les techniques pour comprendre ou digérer l’héritage du passé et assouvir leur amour du métier, ils célèbrent avant tout leur culte commun du travail à travers une même quête, celle de la vérité, jamais embellie.