VNH Gallery est heureuse d’annoncer l’exposition personnelle de l’artiste belge Kris Martin intitulée “Prometheus” (17 mai - 17 juin 2017). Cette exposition fait suite au projet “Moveable” présenté en février 2016.
Prométhée - gure de la mythologie grecque au destin tragique - donne ainsi son nom à l’exposition. Créateur de l’Homme, il se voit confronté à la bévue de son frère Epiméthée qui omet de fournir le moindre attribut permettant à la création de Prométhée de survivre dans ce monde. Désireux de donner à l’humanité les moyens de sa survie, ce dernier la façonne à l’image des Dieux et complète son entreprise en dérobant une étincelle du feu sacré de l’Olympe. Ce vol du feu, symbole de la connaissance et de la raison désormais con ées à l’Homme, pousse Zeus, furieux, à mettre en place un stratagème aboutissant à l’ouverture de la fameuse boîte de Pandore qui est à l’origine de tous les maux de l’humanité. Il nalise ensuite sa vengeance tenace en faisant enchaîner Prométhée au an d’une montagne où un aigle vient dévorer quotidiennement son foie qui se régénère la nuit tombée.
Comme un l rouge dans l’exposition présentée à la galerie, ce mythe soulève des problématiques qui occupent une place importante dans l’Oeuvre de Kris Martin. Thomas Hobbes y lit la peur de l’Homme qui cherche à se projeter toujours plus dans un avenir rongé par la crainte de la mort, de la pauvreté et le travail de Kris Martin rejoint cette préoccupation ; cet intérêt pour le dilemme que représente le destin, cette compréhension du caractère éphémère de l’existence doublée de cette recherche insatiable d’un sens à donner à cette humanité marquée par un scepticisme populaire et grandissant envers toute forme de religion ou tout pouvoir supérieur. “Fall” s’inscrit aussi dans cette ré exion avec un titre à double acception : l’automne, saison où “l’ombre grandit” selon Victor Hugo et la chute faisant directement référence à la Genèse. Ce pommier retourné et présenté dans l’exposition rappelle ce passage de la Bible où, tout comme Prométhée, le couple antédiluvien formé par Adam et Eve se laisse aller à la tentation folle et imprudente de se mesurer à/aux Dieu(x). À travers ce geste de retourner le pommier, Kris Martin nous fait voir ces rami cations qui s’élancent désormais vers le ciel comme pour se rattraper à quelque chose lors de cette chute inévitable provoquée par ce péché originel condamnant l’humanité, “jetée dans le monde seule et sans excuses” (Sartre), à une existence absurde. Dès 2004, Kris Martin décide de découper le point nal des lectures qui l’ont marqué pour les isoler et leur proférer ainsi une symbolique toute particulière. Chez VNH Gallery, l’artiste présente un ensemble de “End-points“ des livres sacrés des douze religions les plus pratiquées au monde. Un point nal commun à tous ces récits dont la portée intemporelle accompagne des centaines de millions de personnes dans l’écriture de leur propre existence.
Sous la verrière de la galerie et face à ces barrières de passage à niveau dont toutes les particularités esthétiques ont été gommées, nous sommes invités à la contemplation, à la ré exion face à ces éléments dont la fonction originelle était de stopper le chemin de ceux qui s’aventurent imprudemment sur les voies. Les alimentations électriques qui s’élancent vers la verrière sont comme les ls d’un marionnettiste démiurge qui tiendrait entre ses mains le destin de l’humanité tantôt passive, tantôt active, tantôt contemplative ou résignée face à sa condition. Ici, Kris Martin “modi e les objets créant des vides permettant aux interprétations de se mettre en place”.
Dé nitivement ancré dans ce quotidien dont il s’inspire, Kris Martin s’empare de questions existentielles avec ce vernis humoristique, véritable pare-feu à cette angoisse viscérale qui ronge l’humanité et parcourt le travail de l’artiste ; ce travail même qui se complète dans le regard d’un spectateur poussé à la ré exion. Intéressé par la gure de l’idiot et par extension à celle de l’Arlequin qui étaient les seuls à pouvoir moquer l’autorité politique ou divine, Kris Martin développe une approche lui permettant de nous amener, l’air de rien, à nous interroger. Ou comment feindre l’idiotie pour échapper à la complexité du monde et composer ses expositions de gestes aussi profonds que subtiles.