Conçue en contrepoint de l’exposition « Vermeer et les maîtres de la peinture de genre » (présentée au Louvre du 22 février au 22 mai 2017) et organisée en partenariat avec les Beaux-Arts de Paris, l’exposition explore le foisonnement des motifs tirés de la vie quotidienne dans la production graphique des artistes hollandais du Siècle d’or – qu’ils soient peintres de genre, paysagistes, portraitistes ou même peintres d’histoire. Ces représentations du quotidien participent de la construction visuelle et identitaire de la jeune République hollandaise.
La sélection d’une centaine de feuilles issues des collections publiques françaises – de Rembrandt, Van Goyen, Van Ostade ou encore Buytewech – rend compte de la grande diversité, mais aussi de la codification des sujets mettant en scène le quotidien hollandais du XVIIe siècle (vie domestique, petits métiers, divertissements, scènes militaires ou paysannes…). Elle met en lumière la complexité de leur rapport au réel, entre observation et reconstruction, impression d’instantané et conventions de représentation.
L’exposition se déploie autour de deux mondes distincts : – Le monde des villes : les artistes puisent dans leur environnement urbain des motifs qu’ils saisissent sur le vif ou peu après l’observation. Rembrandt est un pionnier de cette nouvelle pratique, dessinant les personnes de son entourage mais aussi des mendiants croisés dans les rues d’Amsterdam. Outre les scènes de rues, les dessins présentés ici permettent de découvrir les intérieurs urbains, lieux de divertissement mais aussi d’une vie domestique érigée par la religion protestante en temple de la vertu. En marge de ce monde citadin, l’univers militaire donne lieu à des représentations spécifiques qui remportent un grand succès.
– Le monde rural. La ville de Haarlem est le principal foyer du « genre paysan » avec pour chef de file Adriaen van Ostade, suivi de ses nombreux élèves. Dans l’œuvre de ces talentueux dessinateurs, les ruraux sont réduits à des « types » traditionnels : le paysan, le colporteur, le musicien ambulant… Ils apparaissent comme des êtres mal dégrossis, s’adonnant à la boisson, au tabac et au jeu. Le milieu du XVIIe siècle marque toutefois un tournant dans l’évocation des mœurs paysannes. Les scènes d’auberge deviennent paisibles et joyeuses tandis que les intérieurs domestiques célèbrent la vertueuse simplicité de leur existence.