Le noir enveloppe et engloutit, il est caverne et abîme. Le noir est essentiel à de nombreuses étapes de transformations ; il est la couleur imaginale d’une metanoïa individuelle, d’un détournement ou d’un retour sur soi, voire même d’une “nuit noire de l’âme”, l’obscurité lumineuse de la compréhension de soi.
Dans l’exposition Oeuvre(s) au noir, le noir représente l’éclipse des schémas familiers d’identité et de sens. Elle nous plonge dans un état de désorientation, d’épuisement visuel. Les artistes le décrivent comme un “noir plus noir que le noir”. Pourtant, loin de s’en alarmer, ils s’en réjouissent même : il exprime la conjonction avec le potentiel débordant et illimité du psychisme dans lequel pouvait être conçu l’embryon doré du moi.
Par leurs travaux alchimiques, les artistes nous rappellent que tout au long de notre vie – dans les rythmes circadiens du sommeil et de l’éveil ; durant les périodes d’introversion quand les attraits du monde extérieur se figent et que le transpersonnel se rencontre à l’horizon de la conscience – nous sortons continuellement de l’obscurité et nous y retournons. Les ténèbres sont notre première réalité, la future énigme de notre devenir. Si l’on pénètre consciemment dans l’obscurité et que l’on endure son siège, elle deviendra la source mystérieuse et familière de la transformation et de l’inspiration, à laquelle, régulièrement, nous retournons reconnaissants:
Toi, l’obscurité d’où je suis issu,
Je t’aime plus que la flamme
Qui trace les frontières du monde.
Rainer Maria Rilke, L’obscurité.
Élodie Huet (1973) vit et travaille à Bruxelles et à Paris. Son travail nous frappe immédiatement par la simplicité, par l’économie requise des formes et des matières. Pourtant, cette quête de l’essentiel provient d’une création ironique, une illusion initiale. Ce leurre volontaire pousse l’artiste à répéter précisément, réaliser « pour rien et pour toujours ». C’est la sagesse difficile que la pensée absurde autorise. Élodie Huet fédère, interroge, traverse, contourne, renverse les systèmes de codes issus de formes et de couleurs globalisées par l’homme pour notre environnement domestique. La dimension spéculative de l’objet occupe une place prépondérante. En sous‐entendant le potentiel esthétique de tout objet, elle joue avec humour de matériau industrialisé en établissant des parallèles cocasses entre le philosophique et le pragmatique. Elle pose en outre la question de l’intégration de l’art au quotidien. Il nous faut décider si l’art est une nécessité indispensable à l’homme ou si l’art est un « amusement », une décoration, une marchandise. Élodie Huet tâche de distinguer le type de regard que l’homme est susceptible de porter sur la matière et sur les objets, en se demandant quelle est la connaissance culturelle que nous projetons sur ceux‐ci, et a contrario en quoi ils peuvent se livrer à nous dans leur littéralité.
Élodie Huet a montré son travail dans des expositions personnelles à Cheval Noir (Bruxelles), Maison des Arts Actuels des Chartreux (MAAC ‐ Bruxelles), Atelier 10B (La Plaine Saint‐Denis ‐ France), FRAC Nord‐Pas‐de‐Calais & Palais de l’Univers et des Sciences (Dunkerque ‐ France), Tetem (Enschede ‐ Pays‐Bas) and Casino Luxembourg. Elle a participé aux expositions collectives à Été 78 (Bruxelles), MAAC (Bruxelles), CIAC (Bourbourg ‐ France) Galerie Jeune création (Paris), Galerie 22.48 m2 (Paris), Galerie Nathalie Obadia (Paris) and Galerie de Joaillerie Mazlo (Paris), entre autres.
Caroline Le Méhauté (1982) vit et travaille à Bruxelles et à Toulouse. Au travers le travail de sculpture, d’installation, de dessin, de vidéo ou de pratique sonore, Caroline Le Méhauté interroge notre rapport à la matière, à l’espace et au temps. Partant d’éléments du terrestre et de l’Espace, l’artiste transcende la matière en nous proposant un élargissement du regard où les questions de l’immensité, de l’imperceptible, de l’incommensurable, de l’infini et du vide sont proposées dans un rapport ontologique à l’expérience. Ses œuvres nous amènent aux limites du tangible et nous font presque toucher l’invisible. Face à son travail nous sommes suspendu dans le temps. Ses œuvres nous invitent dans cette nature entropique en perpétuelle transformation où le passé et le futur ne font plus qu’un pour s’ouvrir sur un espace aux possibilités infinies.
Après une maitrise en arts plastiques, Caroline Le Méhauté poursuit son cursus à l’école nationale supérieure des beaux arts de Marseille d’où elle sort diplômée en 2007. Cette même année elle participe à la Biennale des Jeunes créateurs d’Europe et de méditerranée en Italie. Son travail a été depuis présenté dans de nombreuse expositions personnelles et collectives dont : la Médiatine (Bruxelles), château de Servières (Marseille), Block T (Dublin), Postfuhramt Ouest (Berlin), Marseille‐Provence 2013 Capitale Européenne de la Culture, Spazio Testoni (Bologne). Ses œuvres figurent dans diverses collections privées et publiques : Fond communal d’art contemporain (Marseille), Artothèque Leo Lagrange (Paris), Collège Olympe de Gouges (Marseille). Deux monographies ont été publiées sur son travail : Le calcul des Moments, Centre Culturel Wolubilis (Bruxelles), Créer en creux, éditions Muntaner
Falcone (1990 ‐ Palerme) vit et travaille à Bruxelles. Son travail tente d’établir un dialogue avec l’histoire de la peinture. Falcone analyse la Peinture à partir des œuvres de maîtres anciens et copiant les mêmes techniques pour s’en approprier et les déformer dans son propre processus pictural. Les peintures de Falcone sont une combinaison de techniques anciennes et modernes, où les recettes des antiques sont parfois mêlées à manipulations numériques. En brouillant les limites dans sa peinture, Falcone crée des atmosphères obscures et confuses, alternant indistinctement figuration et abstraction.
Falcone a grandi à Milan où il a obtenu le diplôme au Liceo Artistico di Brera en 2008 avant d’étudier Histoire de l’Art à l’Accademia di Belle Arti di Brera. En 2010, il s’établit à Bruxelles pour suivre le cours de peinture à l’ERG (École de Recherche Graphique). Il termine son Master en Fine Arts en 2015 à KASK (Koninklijke Academie voor Schone Kunsten) de Gand, soutenu par Narcisse Tordoir. Pendant sa formation en Belgique, il a réalisé une performance pendant le vernissage de l’exposition de Luc Tuymans à BOZAR (2011) et a participé à l’exposition collective Tranlation(s) au Bruxelles Congress (2012). En 2015, il a eu des expositions personnelles, dont In.visibile à Alson gallery (Milan) en présence d’une pièce du Tintoret (1518‐1594) et Ermetism I & II à la galerie Archiraar (Bruxelles) et à Croxhapox (Gand). Il participe actuellement à la biennale Artificial realities (2016‐2017) au Courtauld Institute de Londres, en présence d’artistes tels que Tracy Emin, Rachel Whiteread, Daniel Buren, ...
Arnaud Gerniers vit et travaille à Bruxelles. Issu d’une formation de dessinateur, Arnaud Gerniers s’est rapidement détourné du format papier pour aller vers des installations plus grandes. De ses débuts de nature graphique, il a conservé la ligne pour l’exploiter dans l’espace. Son outil de prédilection est la lumière. Il aime poser son travail en des lieux rêvés et lointains. Rêvés lorsqu’il s’agit de ses collaborations scénographiques. Lointains, lorsqu’il ramène de ses voyages, la trace et la respiration de la lumière. Il cherche consciencieusement, dans la pénombre de son atelier, les moyens d’étreindre la lumière sans jamais l’emprisonner.
Arnaud Gerniers a montré son travail dans des expositions personnelles à Delire Gallery (Bruxelles), Charles De Jonghe Gallery (Bruxelles), à Think 21 Gallery (Bruxelles) , à OFF BIAC (Belgium off art forum ‐ Séville). il a participé aux expositions collectives à Xenon Gallery (Bordeaux), au KUNSTENFESTIVALDESARTS (Bruxelles), à Art Brussels, à plusieurs expositions sous le commissariat de Pleonasm, entre autres.