« Shine on you crazy diamond » fait référence à la chanson de Pink Floyd écrite en 1975. Le thème développe « l’absence extrême à laquelle certaines personnes sont tentées de céder, parce que c'est la seule façon pour elles de supporter la tristesse de la vie moderne, de se retirer complètement».
Ce morceau rend parallèlement hommage au membre fondateur du groupe, Syd Barrett. Pour sa troisième exposition individuelle à la galerie Archiraar, Élodie Huet spécule à nouveau par l’intermédiaire d’artefacts destinés à améliorer notre confort contemporain. Elle nous rappelle que nous faisons quotidiennement appel aux objets manufacturés,nous souciant peu de leur sort après usage. Ce matériel jetable (directement après une utilisation ou après un effet de mode) existe uniquement pour satisfaire nos «besoins» d’aménager nos intérieurs. En employant qu’une infime partie de cette production uniformisée, Élodie Huet insiste sur sa démesure. Dans une société où tout semble pré‐établi, presque tournante à vide, nous nous habituons à vivre « comme tout le monde». Pourtant, la répétition gratuite de ces épiphénomènes nous invite à renouveler nos actes en pleine conscience de leurs potentiels.
Que nous dit Élodie Huet du travail, de l’ordinaire, du sens de l’existence, de son absurdité et aussi de sa nécessité pour se sortir d’une situation d’enfermement, pour se « réaliser » dans un champ social par un acte, quel qu’il soit ? En souvenance au mythe de Sisyphe, elle nous alerte sur l’importance d’accepter la limitation de l’homme. Sisyphe est devenu héros, car il a réussi d’un instant à l’autre à arracher à l’absurde ce bonheur, lucidité consciente d’être devenu homme. Or précisément, parce que l’absurde est si lourd à porter, il est exigé à chaque instant que l’homme fasse preuve d’une volonté de vivre renouvelée et d’une nouvelle vitalité. Les répétitions accomplies par Élodie Huet deviennent le motif d’un geste libre, celui du pouvoir illimité de l’imagination. Sa démarche enveloppe les différentes catégories du temps (quotidien, cosmique, existentiel) par un temps qui n’en finit pas.
Élodie Huet utilise des objets à usage familier. Dans chacune de ses pièces, elle les inscrit dans un nouveau défi stimulant, celui de « faire parler les matériaux » par des expériences sensitives, à partir de mises en situations inattendues. Il s’agit de donner au spectateur la possibilité de contrôler les opérations et de lui faire entrevoir les méthodes qui donnent naissance à l’œuvre d’art, des productions visibles dont le contenu intellectuel s’ouvre par l’intermédiaire de la perception.
La qualité tactile pour la main et l’oeil devient un support de contenus qui ne fonctionnent plus comme des renvois sémantiques, mais qui sont susceptibles de devenir objets de nouvelles discussions. L’approche d’Élodie Huet est basée sur la conviction que l’expérience du « monde » ne s’appréhende pas uniquement par le langage, mais également par l’intermédiaire du « poids des choses ».