Sous la direction artistique de José-Manuel Gonçalvès, en collaboration avec l’Inrap et les partenaires du projet NEARCH*, le CENTQUATRE-PARIS présente, du 13 février au 30 avril 2016, une exposition collective inédite intitulée Matérialité de l’Invisible, l’archéologie des sens. Celle-ci regroupe des travaux d’artistes en résidence au CENTQUATRE-PARIS dans le cadre du projet européen NEARCH, tels Agapanthe (Konné & Mulliez), Ali Cherri, Miranda Creswell, Nathalie Joffre et Julie Ramage, ainsi que des installations d’artistes invités : Hicham Berrada, Anish Kapoor, Johann Le Guillerm, Ronny Trocker et les performances d’Adrian Schindler et d’Eric Arnal Burtschy.
À travers leurs oeuvres : sculptures, installations, photographies, vidéos, dessins et performances, ces artistes dressent une cartographie personnelle, mouvante et non exhaustive du rapport de l’Homme à son environnement et à son histoire, en particulier à travers une rencontre provoquée entre art et archéologie. L'art et l'archéologie ont en commun de rendre visible ce qui ne l'était pas, ou plus. Dans le cadre du projet européen NEARCH qui, depuis 2013, vise notamment à développer les liens entre archéologie et art contemporain, le CENTQUATRE-PARIS, en collaboration avec l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives), présente Matérialité de l'Invisible, l’archéologie des sens.
L'exposition réunit des artistes aux univers différents qui ont à coeur de transmettre dans leurs oeuvres (sculptures, vidéos, installations..) ces alchimies et ces histoires qui nous échappent et qui pourtant constituent en partie nos existences. Les sculptures, vidéos et installations exposées sont issues de résidences auprès d’archéologues ou de recherches personnelles des artistes. Nourris par la rencontre avec ces spécialistes, Julie Ramage questionne la mémoire individuelle et collective, Ali Cherri interroge le sens du patrimoine, Nathalie Joffre filme et mime l’archéologie tandis que Miranda Creswell s’attache à rendre visible l’évolution de paysages à travers le dessin.
Déchiffrer, comprendre, interpréter : telle est la démarche commune des artistes présentés. En s'appuyant sur le dialogue entre art et science, ils proposent une nouvelle manière de regarder autour de soi. Car si elles sont inspirées de faits passés ou de matières, les oeuvres n'en font pas le récit historique, pas plus qu'elles ne restituent un savoir à l'état brut. Au contraire, elles cherchent à suivre leur persistance et leurs transformations dans les mémoires individuelles et collectives. À travers elles, les artistes dressent une cartographie sensible, mouvante et non exhaustive du rapport de l’Homme à son environnement et à son histoire.
La relation de l'Homme à la nature est une notion fondamentale dans l'exposition. Elle est présente notamment dans l'installation d'Hicham Berrada, Mesk-ellil, qui inverse le rythme circadien d’une plante à floraison nocturne et nous fait sentir son parfum en journée. L'artiste vient modifier la nature pour nous la révéler de manière encore plus forte. De même, Johann Le Guillerm nous permet de ressentir dans ses sculptures mobiles les mouvements souvent imperceptibles des forces naturelles. D'autres se servent de la matière pour nous parler de la marche du monde. Le duo Agapanthe s'intéresse ainsi de longue date au sucre, aliment au passé chargé symboliquement et politiquement. Ses installations le détournent en une allégorie d'une civilisation qui se condamne à disparaître en surconsommant ce produit à la fois doux et extrêmement nocif.
Fouiller les mémoires ou les sols peut mener à bien des découvertes, y compris celles auxquelles on ne s'attend pas. Les artistes, comme les archéologues, ont coutume de chercher et creuser sans savoir exactement ce qu'ils vont trouver. Et aucune trouvaille n'est définitive, chacune menant à composer et recomposer des histoires et l’Histoire.