Pratiquant l’art sous des formes multiples – peinture, dessin, estampe, art décoratif, sculpture, photographie –, Bonnard a défendu une esthétique essentiellement décorative. Son sens aigu de la lumière, son attrait pour les couleurs vives et l’utopie du Midi, ressentie comme un paradis antique retrouvé, l’ont conduit à représenter sa vision de l’Arcadie, révélant un artiste instinctif à la sensibilité cardinale.
Le parcours s’articule autour de huit sections : japonisme, intimité, imprévu, photographie, portraits, jardin sauvage, couleur, grands décors.
L’influence du Japon est flagrante dès ses débuts : cloisonnement des formes, aplats de couleurs vives, perspective étagée…, de même que son intérêt pour les thèmes intimes, comme la toilette ou le bain. L’imprévu, l’étrange, la fantasmagorie, surgissent dans sa peinture, ajoutant du mystère à des scènes ordinaires.
Bonnard pratique beaucoup la photographie, et ses cadrages décentrés comme ses bougés flous affirment spontanéité et parti-pris esthétique.
Lorsqu’il peint des portraits de famille, ou ceux de ses amis, il met en scène ses modèles, et il multiplie aussi les autoportraits, aux différents âges de sa vie.
Novatrices, ses vues d’intérieur, ouvertes sur l’extérieur, juxtaposent dans un même espace la maison et le « jardin sauvage ». La découverte de la Côte d'Azur le pousse à plus d’audace. Sa palette s’intensifie, ses tableaux changent d’échelle. Bonnard réalise d'importants décors pour ses amis marchands et collectionneurs, comme le triptyque La Méditerranée. Associant visions pastorales, souvenirs antiques et scènes contemporaines, il affirme alors l’autonomie de l’espace de la représentation et le libre exercice de la fantaisie du peintre.
Après les nombreuses expositions consacrées à Bonnard dans le monde entier, le musée d’Orsay, qui gère son oeuvre, se devait de lui consacrer une rétrospective.