Du 23 janvier au 7 mars 2015, la Galerie Maeght met à l’honneur le bronze dans une exposition où les oeuvres sculptées des plus grands maîtres dialoguent avec celles, récentes, d’artistes contemporains : de Georges Braque, Eduardo Chillida, André Derain, Alberto Giacometti, Roger de La Fresnaye, Joan Miró, Paul Rebeyrolle, Jean-Paul Riopelle et Raoul Ubac, à Ruth Adler, Nicolas Alquin, Marco Del Re, Joanet Gardy-Artigas, François Lamore, Daniel Milhaud et Manolo Valdés.
Isabelle Maeght, directrice de la Galerie Maeght, rend hommage au matériau noble et exigeant qu’est le bronze par une sélection d’oeuvres d’artistes majeurs du XXe et XXIe siècle. L’exposition sera l’occasion de (re)découvrir ce matériau à travers un ensemble d’oeuvres originales ou inédites comme l’un des rares bronzes que Raoul Ubac ait réalisé. Couleurs, formes, toucher, classicisme et contemporanéité : Isabelle Maeght a choisi de montrer la fascinante diversité du bronze.
« Matériau aussi mythique qu’exigeant techniquement, le bronze offre aux artistes des possibilités immenses, il leur permet de renouveler leur langage artistique. L’oeuvre sculpté de Miró a révolutionné ce champ artistique. « Pur-Sang » de Braque qui semble jaillir de fouilles archéologiques revendique un héritage classique néanmoins pourvu d’une intense modernité », précise Isabelle Maeght.
Miró, sculpteur. L'exposition présente des bronzes de Miró d’une puissance exceptionnelle, témoignant de l’importance que Miró accorde à la matière et aux patines. Sans cesse à la recherche de nouvelles formes et supports, Miró transgresse par le bronze les règles établies et traditionnelles de la sculpture. Il renouvelle le bronze en le peignant de couleurs vives… le bronze devient peinture. Chacune de ses créations est le résultat d’un dialogue étroit et complice avec les maîtres-artisans. Attentif au travail des fondeurs, Miró surveille avec minutie l'élaboration de ses bronzes, guide la main des artisans ou crée lui-même sa patine. « Le travail que je réalise avec plusieurs fonderies me donne à chaque fois de nouvelles idées », avait-il déclaré.
« Les dames de Barajas » de Manolo Valdés. L’oeuvre de Valdés, que ce soit en peinture, sculptures ou oeuvre graphique, éveille le toucher. Particulièrement avec le bronze, Valdés part à la recherche de textures informelles. Il décide de ne pas polir la fonte brute, recherche la texture, l’éveil des sens. Conçues comme des icônes qui dialoguent à trois, « Les dames de Barajas » se parlent, se regardent, se répondent. Le bronze devient le support tant de la forme que de la voix. « Les Dames de Barajas », qu’il réalise taille réelle ou surdimensionnée, sont figées, immobiles, profondément humaines. Ces bronzes traduisent l’éternité de la matière. Leurs coiffures, volumineuses, étonnantes, renvoient à des expériences plastiques antérieures. La rêveuse, la coquette, la réaliste, les qualifiait l’écrivain Marco Vargas Llosa dans les poèmes accompagnant ce trio de têtes féminines « grands formats » installé dans le nouvel aéroport de Madrid réalisé par Lord Richard Rogers en 2004.
« Assyrien moderne » de Marco Del Re offre par le bronze une nouvelle lecture de son travail. Son oeuvre sculpté est un voyage où se réinventent et se côtoient la tradition classique et le contemporain. Ses bronzes patinés rappellent la pierre des temples romains, évoquent héritages grec ou étrusque et témoignent d’une grande liberté. Les colonnes côtoient escargots de mer, animaux, bateaux de guerre qui se croisent comme autant de références à un univers aussi poétique qu’onirique.
La sélection proposée par Isabelle Maeght rassemble plus de cinquante bronzes, de petits comme de grands formats. Chaque pièce témoigne du soutien sans faille de la Galerie Maeght aux artistes d’hier et d’aujourd’hui dans leur création.
« C’est aujourd’hui un enjeu pour les artistes contemporains de travailler la matière. Confrontés au plâtre, à la cire, au travail de fonderie, les artistes sont souvent émus en découvrant leur oeuvre en sortie de fonderie. Le bronze est un processus long et précis, le hasard n’a pas sa place dans cet univers de métal en fusion », déclare Isabelle Maeght.
Reconnu aujourd’hui comme le plus important éditeur de lithographies et de gravures originales au monde, la Galerie Maeght travaille depuis longtemps avec la Fonderie Susse, véritable entreprise du patrimoine vivant. Au service de la fonderie d’art depuis plus de 200 ans, Susse a collaboré avec les plus grands : de Matisse à Giacometti, en passant par Miró, Braque, Ubac. L’exposition sera l’occasion de mettre en lumière les relations amicales qui ont existé entre eux.
« La Fonderie Susse notamment a depuis toujours eu toute notre confiance et bien sûr celle des artistes. Nous partageons une passion pour l’art et le bronze. Chaque pièce exposée porte en elle toute cette histoire, ces rapports très étroits avec les artisans et leur savoir-faire », ajoute Isabelle Maeght.