Acte I : Autoportraits
Du samedi 7 février au samedi 28 février 2015
Le titre de l’exposition, Please, try again, évoque directement ce qui est au coeur du travail de Bernard Gaube : le recommencement. Pour aborder cette thématique de la manière la plus parlante possible, le choix a été fait de ne montrer, dans ce premier acte, que des oeuvres de même format, 46x37cm, reprenant le thème unique de l’autoportrait. Restreindre aussi strictement le champ de vision vise à mettre en évidence le statut précaire de chacune des versions présentées. Dans la pratique de Bernard Gaube, le tableau fini n’est jamais un aboutissement indépassable mais la réponse provisoire, partielle, contestable, à la question posée. Une version est à peine achevée qu’elle montre déjà les voies différentes qu’empruntera à son tour la version prochaine. Le résultat final valide une hypothèse qui est provisoirement retenue et archivée sous la forme d’un tableau. Rien n’est acquis pour autant. Rien ne sera hiérarchisé. Le peintre ne cherche pas à affermir son écriture, à la conduire peu à peu vers une forme mûre qui aurait droit à se reproduire naturellement. Il cherche au contraire à la déconstruire patiemment, s’obligeant à reprendre sans jamais répéter. « Chaque nouvelle mise en oeuvre d’une toile, d’un dessin est génératrice d’anxiété, révélatrice d’impuissance, perte des moyens acquis ». Ce faisant, la peinture dite figurative se montre sous un jour troublé, consciente de ses limites, au diapason des questionnements actuels.
Acte II : peintures récentes
Du jeudi 5 mars au samedi 4 avril 2015
Bien que les oeuvres montrées dans ce deuxième accrochage soient plus diverses que dans le premier, elles sont toutes marquées par le souci constant de la fracture et de la discontinuité. Comme si, une fois accepté le fait que la peinture est vouée à la disparition, le défi le plus radical consistait à se servir des débris, morceaux par morceaux, et à reconstruire patiemment un ensemble de propositions. Cette stratégie artistique ne débouche pas sur une forme d’expression qui tenterait de faire croire à nouveau à la force de l’image ou à son sens. Plus modestement, l’ambition se limite à donner du souffle, à réinstaller un brin de vie précaire, dans le champ pictural. Il ne faut pas y voir la moindre nostalgie pour un art épuisé mais la seule réponse à l’envie irrépressible, irraisonnée, incompréhensible, voire inacceptable de prendre les pinceaux. Depuis longtemps, beaucoup de plasticiens ont quitté l’espace pictural au profit de nouveaux mediums. Bernard Gaube, poursuivant un rêve d’enfant s’est enfermé à l’intérieur. Il ne pouvait donc mener son questionnement que dans un périmètre limité. Force est de constater qu’il l’a parcouru de long en large, sans s’économiser. Et les réponses qu’il propose, quelle que soit leur étrange fragilité, invitent le regard à suivre pas à pas les méandres audacieux dans lesquels elles se construisent.