Thierry Konarzewski présente à l’Espace Fondation EDF du 23 décembre au 25 janvier une sélection de 22 photographies de la série ENOSIM réalisées entre 2009 et 2014. L’exposition est enrichie par une œuvre sonore originale imaginée par l’artiste et réalisée :such: alias Marc Parazon.
"J’ai une grande affection pour les objets usés, abîmés, et une réelle fascination pour les stigmates du temps. Les déchets sont eux aussi empreints d’une magie toute particulière. Les bidons, ces objets usuels et sans valeur sont utilisés comme tels par l’homme et jetés parfois, sans un regard, à la mer par inconscience ou paresse. Leur voyage à travers les mers est un parcours initiatique. Ballotés, imprégnés de sel et de vent, de mazout et de coquillages s’accrochant à eux, épuisés, cabossés, amputés, ils échouent enfin sur nos côtes, inertes, naufragés, toujours méprisés. Intouchables. Ils se sont pourtant lentement transformés pour devenir des entités errantes, guerrières, marines…"
"Voici l’histoire d’un homme qui a trouvé son île. Un Robinson, maître des regards et du rivage. Voyez le. Il patrouille dans cet entre-deux qui n’a pas de nom, entre la mer et la terre, dans cette bande littorale où s’échouent les bidons emportés par les courants. Ces vestiges de plastic s’accrochent aux rochers, se coincent dans les anfractuosités, se laissent polir par la houle. Dérisoires sentinelles posées au hasard, ils mélancolisent. Et l’œil qui survole le sable n’a de cesse de fixer dans ces clichés, les matières fatiguées de ces âmes trop longtemps errantes. "Sunt Lacrimae rerum", écrivait Virgile. C’est le pleur de ces choses que le photographe vient recueillir, dans ce dialogue des solitudes". Thierry Grillet
Thierry Konarzewski vit et travaille à Paris et en Italie.
Little Birds Gallery représente Thierry Konarzewski en Europe.
Né en Afrique, Thierry Konarzewski passe les premières années de sa vie dans un village reculé de la brousse. Ce premier bain naturel dans l’animisme imprégnera fortement son imaginaire plastique. Directeur Artistique dans la publicité, malgré sa proximité professionnelle avec la société de consommation, il a toujours cultivé un intérêt anthropologique pour les sociétés industrielles, leur rôle dans la production de nos besoins essentiels et futiles, et de ses déchets. Réflexion intime qu’il alimente par le design de meubles, la sculpture et la mise en scène d’objets récupérés. En 2002, la photographie s’impose naturellement. En 2005, sa rencontre avec les côtes d’une petite île sarde et ses détritus naufragés va décider de son travail d’écriture photographique : nos déchets sont pour lui une métaphore de l’âme humaine, de notre rapport avec le corps, la mort, le sacré. En 2009 il commence la série ENOSIM, aujourd’hui ce sont plus de 100 photographies réalisées dont une partie fut présentée pour la première fois au MIA Fair à Milan en mai 2013. Il poursuit depuis un travail similaire en milieu urbain avec une autre série PANAME et explore par ailleurs les thèmes du récit, du chaos, de la mutation. Il a été nominé pour le 5éme Prix Pictet «Consumption». Par ailleurs ses images intégrent aujourd’hui des collections prestigieuses, dont celle de JP morgan Chase.