Fruit de la première collaboration du réseau des musées d’art médiéval, l’exposition « Voyager au Moyen Âge » propose d’entraîner les visiteurs du musée de Cluny dans un périple à travers le temps et l’espace.
L’exposition évoque les différents types de voyageur, du marchand au pèlerin, du prince à l’artiste. Les objets présentés, témoignages de moments forts ou anecdotiques du voyage, permettent de mieux appréhender la manière dont hommes et femmes du Moyen Âge voyageaient et d’établir des parallèles avec notre histoire contemporaine.
Du coin de la rue à l’autre bout du monde
L’exposition interroge les raisons qui ont poussé ces voyageurs à quitter leur domicile, leur terre ou leur pays, pour s’engager dans cette aventure qui commence au seuil de leur propre maison. Certains trajets s’étendent de quelques lieues à un continent. Il est des voyages symboliques, qui, parfois, ne durent qu’une heure ou ne traversent qu’une rue, à l’image de la mariée qui rejoint son nouveau foyer. D’autres ont pour objet le salut de l’âme, la conquête d’une terre, avec par exemple la croisade, ou encore la connaissance scientifique ou la visibilité sociale. De toutes les pérégrinations, celles qui trouvent la plus forte résonance dans un musée sont naturellement celles des artistes, à l’image de Dürer circulant de l’Allemagne à l’Italie.
Dis-moi comment tu voyages, je te dirai qui tu es
Parce que le voyage n’est que du temps et de l’espace parcouru, parce que chaque cité, chaque route, chaque lieu de l’univers est à la fois point de départ et d’arrivée, il ne reste souvent de ces déplacements que des traces fugaces. Pour autant, l’exposition présente une multiplicité de témoignages matériels de ces pratiques.
À pied, à cheval, en chariot ou en bateau : le mode de transport constitue l’élément essentiel du voyage en fonction de la distance à parcourir et de la nature du trajet. Les visiteurs de l’exposition peuvent notamment découvrir les restes de l’épave d’une pinasse conservée au musée de Bilbao, une embarcation en bois servant au transport de marchandises. Des cartes, éléments indispensables d’orientation, sont présentées parmi lesquelles une édition de la table de Peutinger indiquant sur plus de 6 mètres toutes les routes de l’Europe. Voyager peut également rimer avec confort et praticabilité, comme en témoignent les objets de mobilier : chandeliers, coffres, … Des récits, simples lettres ou manuscrits richement enluminés, nous renseignent sur le déroulement de ces périples et en livrent des détails étonnants. Ainsi le rouleau des morts de Saint-Bénigne de Dijon, une pièce exceptionnelle, était utilisé pour annoncer la mort d’un religieux à un réseau d’abbayes et contribuer à sa mémoire. Gravures et peintures complètent ce panorama du voyage médiéval.
L’héritage médiéval
Tout est voyage, dans notre société contemporaine comme dans le monde médiéval. L’exposition révèle l’influence des us et coutumes de cette époque sur notre manière d’aborder le voyage aujourd’hui, et met en lumière des pratiques toujours visibles. Du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle à celui des motards de Notre-Dame de Porcaro, ou encore la médaille de Saint Christophe, patron des voyageurs, les héritages du voyage au Moyen Âge sont partout et imprègnent notre quotidien.
Une collaboration européenne
« Voyager au Moyen Âge » réunit plus de 160 oeuvres dans un cadre exceptionnel, le frigidarium des thermes antique du musée de Cluny. Cette présentation est la première étape d’une épopée partagée avec trois autres grandes institutions européennes appartenant au réseau des musées d’art médiéval : le Musée épiscopal de Vic en Catalogne, le Musée du Bargello à Florence et le Musée Schnütgen à Cologne. Ces établissements de renom poursuivent avec le musée de Cluny un même objectif : faire connaître le monde médiéval par l’échange et la mutualisation des oeuvres.