La Galerie Thaddaeus Ropac se réjouit de présenter « Diabolus in Musica » la première exposition d’Oliver Beer à la galerie et deuxième collaboration après la performance « Composition for Hearing an Architectural Space » qui a eu lieu en octobre 2013.
L’exposition d’Oliver Beer explorera la faculté de l’homme à charger d’une force émotionnelle, poétique ou simplement narrative des objets et des phénomènes par la puissance de l’imagination. Cette tendance humaine sera en partie incarnée dans une installation architecturale acoustique reposant sur un célèbre accord mythique portant en musique le nom de « Triton ». Cet intervalle de trois tons, correspondant à une quinte diminuée, a appartenu à l’écriture musicale du haut Moyen Âge avant d’en être exclu par les autorités religieuses. Le son produit par une quinte diminuée ou une quarte augmentée est perçu par l’oreille comme un son désagréable provoquant un sentiment d’inaccomplissement et de malaise lui ayant valu le surnom de « Diabolus in Musica ». L’inconscient collectif populaire a eu progressivement tendance à considérer que ce phénomène sonore pouvait convoquer le diable.
Cet intervalle a été depuis largement exploité par des courants musicaux en rupture avec l’équilibre classique sonore. Le jazz et le heavy metal notamment ont construit nombre de lignes « mélodiques » sur cette association de notes déséquilibrées faisant ainsi reposer l’expérience musicale de l’auditeur sur ce sentiment de décalage et d’inaccompli, affrontant non pas l’universel mais le singulier par l’expérience du son. C’est exactement cette expérience à laquelle nous convie l’installation d’Oliver Beer à travers un dispositif englobant le spectateur.
L’exposition présentera aussi Reanimation I (Snow White) qui a été récemment présenté en avantpremière au printemps 2014 dans le cadre de la programmation du Prospectif Cinema du Centre Pompidou. Ce film, ainsi que plusieurs sculptures et installations, traduisent dans un vocabulaire plastique troublant les recherches de l’artiste sur les outils traditionnels d’identification de ce que l’on cherche souvent à définir comme étant le réel. En jouant sur la question de la présence et de l’absence et en interrogeant les propriétés physiques d’objets quotidiens, Oliver Beer met en doute l’objectivité de la perception. Ces objets – une pipe, une arme, des rails – à la fois mystérieux et ordinaires, semblent posséder une dimension biographique expliquée en partie par la propension de l’esprit humain à investir des objets inanimés et à enrichir par l’imagination leur « être-aumonde » selon l’expression de Heidegger. Leur rapport particulier avec le mur ou le sol qu’ils intègrent progressivement vient enrichir ce potentiel narratif, ce que vient mettre en abyme le pouvoir magique de deux notes capables d’évoquer le Malin…
Cette exposition de la rentrée s’inscrit dans une année particulièrement riche pour le jeune artiste britannique (UK, 1985) qui consacre son oeuvre aux formes de la perception, notamment à travers les phénomènes relevant de l’acoustique. Oliver Beer a notamment, au cours de l’année 2014, collaboré avec Le Palais de Tokyo dans le cadre de son cycle Hors-les-Murs au MoMA PS1, avec la villa Arson à Nice mais aussi avec l’exposition Rabbit Hole au Musée d’art contemporain de Lyon qui se tiendra jusqu’au 17 août 2014.